755 - L'Animal*
Entre nuit et jour, l'animal cherchait. Frénétiquement. Du museau, des pattes, de l'œil...
Il fouissait, froissait, tordait, entortillait, remuant toute sa terre, remuant toute sa foi.
Plus rien n'était rangé, dans l'ordre.
Sa tête était encore dans la pensée, mais une pensée foisonnante, pléthorique et tant fractionnée, tant éparpillée, que lui-même
n'arrivait plus à en joindre les morceaux.
Des images nouvelles, arrivées en renfort, se mêlaient à
ce vrac affolant. L'accroche se rapprochait mais restait invisible.
Il arquait ses
cordages en quête d'une cible, écoulant son ardeur catalane dans son sang ravagé.
Ses yeux au fronton noyaient leurs
pelotes brunes. Van Dyck accouchait d'or aux heures des matines.
Il trouva. Il s'était rassemblé.
Les branches gagnaient le tronc, rejoignaient la
racine. Il plantait son décor, le décor d'un vivant. La brume d'un souffle proche et cuivré énergisait l'espace, l'assurant d'une force par trop vite
oubliée.
Il était.
Il était en lui-même et pourtant il cracha.
Et le corps retomba lentement. L'esprit l'accompagna. La présence se fit plus lourde, d'une lourdeur de paix.
Son champ rejoignit le silence. L'animal nourri y garda la
lumière.
Entre ses pattes, il retenait la peau encore tremblante de sa vérité.
Copyright © Arthémisia - Sept 2008