824 - MESSIAEN ...extase, oiseaux, paradis, etc..
Encore de la musique...
Je prends 2 mn pour venir vous parler de MESSIAEN, enfin de mon MESSIAEN, celui que j'ai perçu et qui m'a émue mercredi
soir dernier avec « Les Visions de l'Amen » et samedi soir avec « Les Oiseaux exotiques » lors de deux concerts donnés en l'honneur du centenaire du compositeur au CNR de TOULON.
Découvrant ce compositeur, je craignais mercredi vu le titre de l'œuvre, d'assister à quelque chose de pesant, de dogmatique pour ces Amen et il n'en fut absolument rien. Bien sûr la source
mystique existe (MESSIAEN fut un catholique fervent) et porte l'œuvre, mais celle-ci est d'une liberté et d'une puissance extraordinaires, alternant des moments tendres, de la brutalité, et en
tous cas une coloration plurielle très riche.
J'ai particulièrement aimé le second Amen (il y en a 7), celui des étoiles, dont l'aspect sauvage m'a plongée en pleine astronomie musicale et, -cela ne vous étonnera pas !- le
4ème Amen, celui du désir où l'extase mystique et ses fausses notes de la partie de la main droite amènent une grande suavité, et où l'exaltation qui suit, jouée sur un seul
des 2 pianos est...virtuose !
Les pianistes qui jouaient m'ont tous bluffée surtout une jeune femme complètement habitée par la musique. Elle était sublime ! Transfigurée. Je pensais à l'Extase de Ste Thérèse du BERNIN, puis dans un deuxième temps à ces danses représentées par les expressionnistes allemands, Ernst Ludwig KIRCHNER ou Emil NOLDE
Quant à samedi soir, j'ai dû me retenir pour ne pas fermer
les yeux afin de vivre la musique encore plus intimement : je me suis retrouvée plongée en pleine jungle, une jungle primitive et originelle où grouillaient les espèces, notamment
ornithologiques (MESSIAEN a longuement étudié le chant des oiseaux). Les instruments (2 flutes, hautbois, 4 clarinettes, 2 cors, 2 trompettes, un piano, des
cithares, et 7 percussionnistes) imbriquaient leurs « cris » les uns aux autres, dans un enchevêtrement d'une extrême difficulté technique.
Ce fut un magnifique hommage à une nature sacralisée.
Résultat : je suis absolument fan !
Qui a dit que MESSIAEN est un
musicien difficile ?
Allez vous faire une idée en écoutant des extraits des Visions de
l'Amen et des Oiseaux
exotiques.
Les autres pièces qui furent interprétées ce soir là, Le Signe de Maurice OHANA et Suite de concert d'André JOLIVET, furent de la même veine : un enchevêtrement extrêmement virtuose des jeux des divers instruments avec une part importante laissée aux percussions les plus originales : des gongs sublimes de rondeur, des « tambours » au son venu de la tombe, des « calebasses » comme des ventres de métal sur lesquels les instrumentistes intervenaient avec mains, morceaux de bois, maillets, pièces métalliques.. et un piano joué lui aussi comme je ne l'avais jamais vu faire...les cordes pincées par la main du pianiste, et les touches frappées par une barre d'ivoire ( ? ) qui monopolise simultanément plusieurs touches voisines.
J'ai eu l'occasion de pouvoir échanger avec l'un des clarinettistes de
l'orchestre, élève au conservatoire de Paris et qui m'a confirmé la difficulté extrême des morceaux et ce pour tous les pupitres.
Ce fut donc une belle soirée de grand savoir faire, pleine d'une abondance, d'une innocence et d'une allégresse quasi édénique.
Ca fait du bien de se promener au paradis de temps en temps, non?
Copyright © Arthémisia - Dec 2008
Avec : Jean Michel FOLON - Le Grand oiseau