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816 - Aller ailleurs

Publié le par Arthémisia

 

S'il y a bien une question que je déteste c'est  ce ça va ? que bêtement  les gens vous posent sans même attendre votre réponse, ce ça va ? de convention, d'habitude, celui des gens qui vous voient tous les jours et qui pourtant ne vous voient plus ou même ne vous ont  jamais vu.


Ca va ? Qu'est ce qui va ? Où on va ? Comment on y va ? Et surtout qui va ? Parce qu'ils ignorent qui vous êtes. Quelle importance....


Allez, allez !... ils se fichent royalement de votre réponse. Ce qu'ils veulent c'est surtout que vous leur répondiez  positivement,...oui, oui, ça va. Ils ne veulent pas d'emmerdement, pas de soucis...C'est leur façon de dire je suis là, de jouer l'illusion de leur présence, de se jouer l'illusion de votre présence. Mais cela ne trompe qu'eux. Ce sont des aimables -que dis-je ?- des généreux, de surface. Ils n'ont même pas conscience de cette superficialité.


Alors on peut très bien leur donner ce qu'ils attendent, un sourire de circonstance et un grand OUI tout faux. Ils n'y voient que du feu. Et ça peut durer longtemps, des années, ces échanges hypocrites.


Et par malheur arrive le jour où on ne répond rien ; et là...ils reviennent à l'attaque. Pourquoi tu ne me réponds pas ? Tu fais la tête ?


Ben oui, aujourd'hui, ça ne va pas ; parce que l'illusion ne vous porte plus. Parce que l'énergie vous manque pour entretenir le vain, parce que vous avez besoin de vrai. Parce que vous avez vraiment, vraiment besoin de sortir de cet espace où les mots se sont dilués, où ils n'ont plus de valeur.


Et un autre jour, ils vous reposent la fatidique question. Mais vous êtes allés...ailleurs.


Ailleurs, là où on s'en va quand ça ne va pas.


Copyright © Arthémisia – Dec 2008

Avec  : Fauteuil Philippe STARK – Photographie Copyright © Arthémisia – Oct 2008

 

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815 - Toi?

Publié le par Arthémisia


Qui es-tu, toi ?


Fils du ciel,
Morceau de ce bleu,
Détaché,
Nuage de lait ?


Es tu enfant de terre,
Poudre brune,
Oxyde de secret,
Pigment de grotte humide,
Protégé ?


Es tu né de cette eau
Qui te porte et te berce,
Enfanté de la vague et du sable,
Mille fois
Caressé ?


Ou t'es tu, folle flammèche,
Echappé du foyer
Diablotin rougissant
De tes adolescences ?

Es-tu bébé de Flore
Juteux luxe arrondi,
Drupe pruinée par l'an
Sur laquelle j'ai soufflé ?


Copyright © Arthémisia - Dec 2008


Avec : Prune empereur aquarellée pour le Verger d'Alphonse MAS

 

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814 - Féminine engeance*

Publié le par Arthémisia

 

Le ciel se noie

L'orange éclate rose

La  caresse coule se perdant sur tes doigts

La peau retrouve

La mémoire du sang

La jouissance sérielle délibère encore

Avec toi

En suspension, l'attente

Et dans le creux, la béance

Des pigments annoncés

Au talisman nait l'idée paisible

De la concentration du processus

Extrême

Rouge

Copyright © Arthémisia - Déc 2008

Avec : Anish KAPOOR - Léviathan - Monumenta 2011 - Grand Palais - Paris

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813 - De l’importance de l’orthographe

Publié le par Jean Marc et Arthémisia

 

Jean Marc m'interrogeait récemment sur la présence du « H » dans mon pseudo, H qui n'existe pas dans le nom de la déesse de la chasse, l'Artémis grecque, ni dans le prénom de la demoiselle peintresse Gentilleschi qui ont pourtant toutes deux beaucoup influencé mon choix.


J'ai avancé le fait que quand j'ai arrêté l'orthographe de mon pseudo, j'ai senti une nécessité de souffle, d'inspiration, d'aspiration. Aujourd'hui Jean Marc m'emmène bien plus loin...peut être même aux sources de mon inspiration : je vous recopie intégralement l'article qu'il m'a envoyé comme réponse et qui vraiment ne pouvait me laisser indifférente ...


Avant d'annoncer à Abram et Saraï, alors âgés respectivement de 99 et 90 ans, qu'un fils naîtrait de leur union, D.ieu* établit une alliance avec le patriarche. L'Eternel en profite pour changer le nom des membres du couple.


"Moi, voici mon alliance avec toi : tu deviendras père d'une multitude de peuples. Et l'on ne t'appellera plus Abram, mais ton nom sera Abraham, car je te fais père d'une multitude de peuples."
(Gn, 15, 4-5)


Plus loin, dans le récit biblique, El Chaddaï annonce à Abram/Abraham :

"Ta femme Saraï, tu ne l'appelleras plus Saraï, mais son nom est Sarah. Je la bénirai et même je te donnerai d'elle un fils ; je la bénirai, elle deviendra des peuples, des rois des nations viendront d'elle." (Gn, 15, 15-16)


Après avoir écouté D.ieu, Abram/Abraham tomba face contre terre et sourit (vaytsh'ak). De ce premier sourire de la Bible, devait naître un enfant. Son nom serait ce sourire : Itsh'ak / Isaac.


En revenant au format originel du texte, en hébreu, il apparaît que, dans les deux cas, le changement de nom opéré procède de la même opération : l'adjonction de la lettre "hei" (ה) qui figure deux fois dans le nom imprononçable de D.ieu, le tétragramme : יהוה


En partageant avec Abraham et Sarah la lettre figurant deux fois dans son nom, l'Eternel scelle l'alliance (berith) de l'esprit. Or, le "hei" désigne en hébreu tout à la fois l'article défini (le/la) qui particularise, le féminin (ich : homme / ichah : la femme) et la direction (vers). Mais, "hei" désigne aussi la marque du questionnement.

Dans son ouvrage consacré à Abraham
, Raphaël Draï, spécialiste de la Torah et natif de Constantine, souligne également que la valeur guématrique de la lettre "hei" est de 5, soit le point médian qui coupe en 2 parties d'effectifs similaires l'ensemble des chiffres non nuls de 1 à 9. Il est symbole de médiation, donc. La bonne nouvelle est là : la stérilité du couple Abram/Saraï est vaincue, ils auront un (chiffre) fils, Isaac, premier sourire du Livre. D'Isaac naîtront des multitudes (nombres).


J'aime cette idée qu'une alliance entre D.ieu et l'homme s'incarne dans une lettre.

J'aime aussi que cette lettre induise une polysémie où se mêlent le questionnement et la direction à prendre. Est-ce pour chercher le féminin ou le divin en chacun de nous, ou hors de nous ?

 

 

Et moi, depuis la lecture de ton article Jean Marc, j'aime encore plus la présence de ce « H » dans mon pseudo, car je me retrouve totalement dans l'idée de la présence spirituelle, de la naissance dans une lettre (dans les lettres...), l'idée de la multiplication par la femme et l'idée d'aller vers, d'ouverture à l'autre.


Et ce « H » je le vois aussi comme un révélateur voir une revendication de ce que d'aucuns appelleront bêtement ma féminité, qui en fait n'est que la part de rêve, de sensible et d'ouverture au Beau et au profond, qui malheureusement m'éloigne d'une sphère sociétale avec laquelle je me sens de moins en moins d'affinités.

Heureusement, il reste encore quelques fous...inspirés et aspirants, souriants... pour me donner de l'air. Ils se reconnaîtront  sans peine.

Merci Jean Marc....   
  
                        

*Jean Marc propose cette l'orthographe du mot D.ieu (avec un point après la majuscule D) parce que chez les Juifs, le nom du Créateur appartient au domaine de l'ineffable. A fortiori, il ne doit en aucun cas s'écrire de façon explicite.

Le point est pour lui une ruse, une manière de rendre explicite le propos tout en respectant la règle prescrite.

Il (et moi aussi !) trouve une certaine beauté à procéder ainsi.



Copyright © Arthémisia - décembre 2008

Avec : Artemisia GENTILLESCHI - Autoportrait

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812 - Jalousie

Publié le par Arthémisia

Juliette sur Papier Libre, suggère à ses amis de se laisser inspirer par un de ses tableaux « La Dame au chat ».

 

 

  

 

 

 

 

J'en ai marre !

Elle passe son temps à rêver, allonger là toute nue, à longueur de journée.

Elle m'énerve. Elle m'énerve...

 

A quoi pense-t-elle ? A qui pense-t-elle ?  Surement à ce  Jean Sébastien, celui qu'elle a rencontré cet été. Il faut le faire pour porter un prénom pareil!

Jean Sébastien ! Jean Sébastien ! Elle n'a que son nom à la bouche.

Et moi, moi....je peux crever.

 

Tiens, hier, elle a même oublié de me donner à manger. Ca, ça ne lui était jamais arrivé. Ce n'est pas parce qu'elle ne mange plus que moi je n'ai pas faim, tout de même !

 

Elle lui a même écrit, sur son joli papier à fleurs roses.

Et dimanche, oui, dimanche,...écoute bien...ils se sont enfermés dans sa chambre et j'ai dû rester dehors. Je les entendais. Ils miaulaient. Je t'assure; ils miaulaient !

 

Je me demande si elle ne serait pas amoureuse ? Il paraît qu'on fait des trucs bizarres quand on est amoureux, et elle, je la trouve de plus en plus bizarre.

Tu as vu l'argent qu'elle dépense pour ses vêtements ? Et puis le coiffeur encore mardi dernier, et l'esthéticienne jeudi. Vraiment, je trouve qu'elle abuse.

 

C'est ça l'amour, tu crois, toi ?

 

Le plus triste alors c'est qu'elle ne m'aime pas moi.

Evidemment, je ne suis qu'un chat et je ne m'appelle pas JEAN SEBASTIEN mais LEO.

Quel manque de pot !

 

Copyright © Arthémisia - Nov 2008

 

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811 - Constance

Publié le par Arthémisia

 

http://30.media.tumblr.com/tumblr_kuspbdco3e1qa4s0qo1_r2_500.jpg

 

 

 

 

« Il y a deux sortes de constance en amour : l'une vient de ce que l'on trouve sans cesse dans la personne que l'on aime de nouveaux sujets d'aimer et l'autre vient de ce que l'on se fait un honneur d'être constant. »

 

François de La Rochefoucauld

Maxime n° 176

 

 

Avec :  Jean Van EYCK - Les Epoux Arnolfini

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810 - Brèves de novembre 2008

Publié le par Arthémisia

Tous différents et pourtant je retrouve un peu de moi en chacun de vous....
Sans l'avoir fait exprès, je m'aperçois que vos phrases écrites à la suite l'une de l'autre créent un texte qui fait sens.
Merci pour ça et pour tant d'autres choses. 

 

 

 

"J'aime ce silence intérieur, qui sans échos me serait insupportable. "
@
Entité

 

 

"...il est 3h du mat , j'ai froid , il pleut sur mes larmes...."
@ Gérard

 

 

«... et mon corps n'est plus qu'une flamme violente... »
@ Juliette

 


" Je sors des années grises, j'entre dans la lumière. Je suis libre. J'existe."
@
anonyme qui cite Le CLEZIO - (Ritournelle de la faim)

 

 

"Nous n'aimons pas les prières et pourtant nous prions puisque c'est la forme dévastée de l'amour,..."
@ Franck


 

" Elle m'a dit :  je suis toute nue et mon pull est posé à l'endroit sur la côte d'azur."
@ Pasmonkov


 

« Tant que nous  accepterons nos vies comme des chaînes, l'horizon sera court et nos yeux lointains. »
@ Paco


 

"La vie n'est pas d'échapper à la tempête mais de danser dans la pluie."
@
Gentle 13

 

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809 - La Statue du couloir (conte surréaliste)

Publié le par Arthémisia

 

D'où vient-il ?

Comment est-il arrivé là ?

Le double battant du sas qu'il vient de franchir claque dans son dos, sèchement.

Neigeux, le couloir déroule devant lui son long ruban sans rien pour le rythmer. Seules les portes de  droite répondent en vis-à-vis aux portes de gauche sous la lumière blafarde et meurtrière des plafonniers hurlants.

Dans sa tête s'enroule encore pleine de sucre la voix de la femme blonde. Oui, oui, c'est bien ça. Pas d'erreur ; vous êtes attendu.

Il est nu. Où sont ses papiers ? Son portefeuille? Qui est-il ? Il ne sait plus...

Sur sa tempe, glissent encore de grosses gouttes de pluie. La moquette est humide, désagréable comme une éponge, sous ses pieds.

D'une porte de gauche lui parviennent trois voix d'hommes. Il tend l'oreille. Il voudrait comprendre. Il ne perçoit pas leurs mots, juste quelques souffles, quelques cris.

Une petite fille en rouge, passe la tête dans l'entrebâillement de la porte suivante. "Où vas-tu?" lui crie  sa maman qui la retient. La porte se referme sur la gamine.

La lumière s'éteint. Une veilleuse bleue comme la mort, appelle sa main. Plusieurs cliquetis métalliques scandent le ré-allumage des néons.

Où sont ses affaires ? Son sac ? Ses vêtements ? Il devrait avoir froid. Mais non. L'air est doux, presque tropical.

Une femme de ménage africaine enturbannée le dépasse en  poussant son chariot qui couine. Il aime les couinements.

Elle se retourne sur lui et trinque à sa santé en buvant du champagne au goulot.

La statue de marbre au fond du couloir se cache dans ses draps blancs. Elle le regarde. Ils rient.

Où est-elle? La lumière s'est éteinte de nouveau. La veilleuse vite, vite !

Une main effleure son ventre. Elle est douce comme la mémoire.

Mais la femme de ménage veut déjà ramasser le tas de draps tombé sur le sol. Il lui en vole un et s'y enroule, assis par terre sur la moquette humide.

Que font ses papiers, là?

Il boit, le champagne chaud au goulot.

Demain, il partira.

Il a rendez-vous avec le vent.

 

Copyright © Arthémisia - Nov 2008

Avec : François BAROIS - Vénus callipyge

 

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808 - Le Large

Publié le par Arthémisia

 

 

Nous sommes venus, appelés, élus peut-être ? Où sommes-nous ? Qui donc nous a choisis ?

 

Aurions nous oublié le fait des choses, attirés par un sans forme, un sans lieu, un sans nom,  un sans temps ? Serions nous devenus des voyageurs sans cartes, des Magellan, des Vasco de Gama, des allants droits devant, ignorants de nos routes, avec juste le vent pour nous pousser, la mer pour nous porter?

 

Et l'Autre, majuscule, devant, à côté, autour, rassurant, présent, si simplement, dans sa nudité de partage. L'Autre et sa main, son souffle, sa peau, son sexe.

 

Nous avons renoncé à choisir, n'écoutant que la nécessité de nos adéquations. Nous sommes, agglutinés dans notre tragédie. Les importances ont fondu, alimentant les ruisseaux du non. Il n'y a plus rien, rien que nous, ce doux immense, ce deux immense, intense, incandescent.

 

Nous n'imitons plus. Nous découvrons. Le large.

 

Copyright © Arthémisia - Nov 2008

Avec : Gustave le GRAY -  Brick en mer - 1856

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807 - Je me maquille à tes yeux*

Publié le par Arthémisia

 

 

Au jaillir de tes yeux j'ai recueilli tes poudres,

 

Tes cendres d'eau salée, tes folles mers rugueuses,

 

Tes bois d'ors brûlés, tes feux d'automne sombres.

 

 

 

J'en ai enduit mon corps, et le champ de mon sexe,

 

Lors d'incantations tendres, de caresses chamaniques,

 

Le cœur glissant en rêve tel un vaisseau fantôme,

 

Porté par ton parfum de voyage au-delà.

 

 

 

Ainsi  près de ma peau, j'ai suivi ton regard,

 

Maquillée par tes terres, tes ocres, tes ciments.

 

Je me sentais ce soir au plus près de ta main,

 

Oui...je me sens tout  bas au plus près de ta faim.

 

 

Copyright © Arthémisia - Nov 2008

 

 

Avec  : Gustave MOREAU - Salomé ou l'Apparition (Extrait)

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