813 - De l’importance de l’orthographe
Jean
Marc m'interrogeait récemment sur la présence du « H » dans mon pseudo, H qui
n'existe pas dans le nom de la déesse de la chasse, l'Artémis grecque, ni dans le prénom de la demoiselle peintresse Gentilleschi qui ont pourtant toutes deux beaucoup influencé mon
choix.
J'ai avancé le fait que quand j'ai arrêté l'orthographe de mon pseudo, j'ai
senti une nécessité de souffle, d'inspiration, d'aspiration. Aujourd'hui Jean
Marc m'emmène bien plus loin...peut être même aux sources de mon inspiration : je vous recopie intégralement l'article qu'il m'a envoyé comme réponse et qui vraiment ne
pouvait me laisser indifférente ...
Avant d'annoncer à Abram et Saraï, alors
âgés respectivement de 99 et 90 ans, qu'un fils naîtrait de leur union, D.ieu* établit une alliance avec le patriarche. L'Eternel en profite pour changer le nom des membres du
couple.
"Moi, voici mon alliance avec toi : tu
deviendras père d'une multitude de peuples. Et l'on ne t'appellera plus Abram, mais ton nom sera Abraham, car je te fais père d'une multitude de
peuples." (Gn, 15, 4-5)
Plus loin, dans le récit biblique, El Chaddaï annonce à Abram/Abraham :
"Ta femme Saraï, tu ne l'appelleras
plus Saraï, mais son nom est Sarah. Je la bénirai et même je te donnerai d'elle un fils ; je la bénirai, elle deviendra des peuples, des rois des
nations viendront d'elle." (Gn, 15, 15-16)
Après avoir écouté D.ieu, Abram/Abraham tomba face contre terre et sourit (vaytsh'ak). De ce premier sourire de la Bible, devait naître un enfant.
Son nom serait ce sourire : Itsh'ak / Isaac.
En revenant au format originel du texte, en hébreu, il apparaît que, dans les deux cas, le changement de nom opéré procède de la même opération :
l'adjonction de la lettre "hei" (ה) qui figure deux fois dans le nom imprononçable de D.ieu, le tétragramme : יהוה
En partageant avec Abraham et Sarah la lettre figurant deux fois dans son nom, l'Eternel scelle l'alliance (berith) de l'esprit. Or, le
"hei" désigne en hébreu tout à la fois l'article défini (le/la) qui particularise, le féminin (ich : homme / ichah : la femme) et la direction (vers). Mais,
"hei" désigne aussi la marque du questionnement.
Dans son ouvrage consacré à Abraham , Raphaël Draï, spécialiste de la Torah et natif de Constantine, souligne également que la valeur guématrique de la lettre "hei" est de 5, soit le point médian qui coupe en 2 parties d'effectifs similaires l'ensemble des chiffres non nuls
de 1 à 9. Il est symbole de médiation, donc. La bonne nouvelle est là : la stérilité du couple Abram/Saraï est vaincue, ils auront un (chiffre) fils, Isaac, premier sourire du Livre.
D'Isaac naîtront des multitudes (nombres).
J'aime cette idée qu'une alliance entre D.ieu et l'homme s'incarne dans une lettre.
J'aime aussi que cette lettre induise une polysémie où se mêlent le questionnement et la direction à prendre. Est-ce pour chercher le féminin ou le divin en chacun de nous, ou
hors de nous ?
Et moi, depuis la lecture de ton article Jean Marc, j'aime encore plus la présence de ce « H » dans mon pseudo,
car je me retrouve totalement dans l'idée de la présence spirituelle, de la naissance dans une lettre (dans les lettres...), l'idée de la multiplication par la femme et l'idée d'aller vers,
d'ouverture à l'autre.
Et ce « H » je le vois aussi comme un révélateur voir une revendication de ce que d'aucuns appelleront bêtement ma féminité,
qui en fait n'est que la part de rêve, de sensible et d'ouverture au Beau et au profond, qui malheureusement m'éloigne d'une sphère sociétale avec laquelle je me sens de moins en moins
d'affinités.
Heureusement, il reste encore quelques fous...inspirés et aspirants, souriants... pour me donner de l'air. Ils se reconnaîtront sans peine.
Merci Jean
Marc....
*Jean Marc propose cette l'orthographe du mot D.ieu (avec un point après la majuscule D) parce que chez les Juifs, le nom du Créateur appartient au domaine de l'ineffable. A fortiori, il ne doit en aucun cas s'écrire de façon explicite.
Le point est pour lui une ruse, une manière de rendre explicite le propos tout en respectant la règle prescrite.
Il (et moi aussi !) trouve une certaine beauté à procéder ainsi.
Copyright © Arthémisia - décembre 2008
Avec : Artemisia GENTILLESCHI - Autoportrait