Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

1776 - Croire

Publié le par Arthémisia

1776 - Croire

N’emballons pas notre histoire dans du papier de soie !

C’est le soir. Nos vies s’éteignent lentement faute de pouvoir s’atteindre, faute de savoir s’étreindre.

Abordons, je t’en prie, cette unicité fabuleuse, qui nous ferait sortir de l’usure ordinaire du quotidien médiocre. Ne renonçons pas.

Abandonnons l’hier : il est temps, de quitter l’atonie, d’oublier les altérations, les souffrances et les doutes, de vivre nos images, de passer à la fête.

Il est grand temps, d’écouter et de croire.

Arthémisia © avril 2015

Avec : Le Séducteur – René MAGRITTE (1898-1967) – Lithographie d'après une huile sur toile de 1951

Voir les commentaires

1775 - Cruauté

Publié le par Arthémisia

1775 - Cruauté

La faiblesse est cruelle

@ André CAMÉLIO

Avec  : Antonio CISERI - Ecce Homo - 1871 - Huile sur toile

Voir les commentaires

1774 - Elle

Publié le par Arthémisia

1774 - Elle

Que fait-elle de ses jours ?

Elle court.

Que fait-elle de ses soirs ?

Elle n’y peut que vouloir.

Que fait-elle de ses nuits ?

Elle prie.

Elle court, elle rêve, elle prie. Elle fait l’Amour. Elle est surprise, et elle se goure.

Elle vote pour. Mais tout semble pourri : le monde est devenu sourd. Et gris.

Elle refait pourtant le parcours.

Elle court, après la vie.

Elle prie pour de l’Amour.

Elle court.

Elle prie.

Elle rêve.

Elle court.

Elle crie.

Elle crève.

Arthémisia © avril 15

Avec : Marina ABRAMOVIC, Nude with skeleton, Performance , 2002-2005

Voir les commentaires

1773 - Cri de tortue

Publié le par Arthémisia

1773 - Cri de tortue

Je pensais qu'il était muet,

J'ai dit qu'il était muet,

Pourtant je l'ai entendu crier.

Première faible stridence

Sortie de l'aurore insondable de la vie,

Lointaine, si lointaine, une hantise, sous le bord auroral de l'horizon.

Lointaine, si lointaine, lointaine stridence.

Tortue in extremis.

Pourquoi fûmes-nous cloués sur la croix des sexes ?

Pourquoi pas laissés accomplis et finis en nous-mêmes,

Comme nous avions commencé,

Comme à coup sûr il commença, parfaitement seul.

Stridence lointaine, était-elle audible

Ou résonnait-elle, directement, sur le plasma ?

Pire que le cri du nouveau-né,

Stridence,

Hurlement,

Clameur,

Péan,

Mortelle angoisse,

Vagissement des naissances,

Soumission,

Tout menu, menu, lointain reptile de la première aurore.

Cri de guerre, triomphe, délice aigu, cri de mort reptilien,

Pourquoi le voile fut-il déchiré ?

Le hurlement de soie de la membrane déchirée de l'âme ?

La membrane de l'âme mâle

Déchirée avec un hurlement mi-musique, mi-horreur.

Crucifixion

Mâle cramponné derrière le mur de gîte de la femme obtuse,

Monté, tendu, écartelé, se poussant hors de l'écaille,

Nudité de tortue,

Long cou, longs membres vulnérables, extirpés, écartés sur ce toit de maison,

La queue profonde, secrète, toute-pénétrante repliée sous ses murs,

Tendu, accroché ferme, en comble d'angoisse, en ultime tension,

Et soudain, dans le spasme du coït, saillant à brusque bond, et, ah !

Ouvrant son visage serré au bout du cou tendu,

Il émet cette frêle clameur, ce cri,

Cet ultra-son

De cette bouche rose, fendue, de vieillard,

Qui rendrait l'esprit

Ou le recevrait avec un cri strident, à Pentecôte.

Son cri, son moment d'abandon,

Le moment de silence éternel

Avant la détente, et après le moment, surprenant, le brusque soubresaut du coït et aussitôt

Le faible hurlement, inexprimable -

Tant que l'ultime plasma de mon corps se retrouva fondu

Dans les premiers rudiments de la vie, et son secret.

Il saillit donc et crie

Coup sur coup ce cri frêle, déchiré, strident.

Après chaque charge, un suspens assez long,

Eternité tortue,

Un âge durant de reptilienne persistance,

Un battement de cœur, un lent battement durant jusqu'au spasme suivant.

Je me rappelle, quand j'étais enfant,

Avoir entendu le cri d'une grenouille, le pied pris dans la bouche d'un serpent dressé ;

Je me rappelle la première fois que j'ai entendu des crapauds-buffles donner de la voix au

printemps ;

Je me rappelle entendre , du gosier de la nuit, une oie sauvage

Crier haut par-delà les eaux du lac ;

Je me rappelle, venus d'un buisson dans le noir, les cris perçants et les roulades du premier

rossignol me surprenant le fond de l'âme ;

Je me rappelle le cri d'un lapin quand je traversais un bois à la minuit ;

Je me rappelle la génisse en chaleur, mugissant au long des heures, incoercible ;

Je me rappelle ma première terreur, entendant les clameurs insolites des chats amoureux :

Je me rappelle le cri terrifié d'un cheval blessé, les éclairs de chaleur,

Et m'être enfui du bruit d'une femme en travail, comme un ululement de chouette,

Avoir écouté en secret le premier bêlement d'un agneau,

Le premier vagissement d'enfant

Et ma mère qui se chantait à elle-même,

Et le premier air de ténor, du gosier ardent d'un jeune mineur qui depuis longtemps s'est

tué à boire,

Les premiers sons d'une langue étrangère

Sur d'intenses lèvres brunes.

Mais plus que cela,

Moindre que tout cela,

Ce dernier,

Cet étrange, faible cri du coït

De la tortue mâle à son comble

Infime, surgi de dessous le bord du plus extrême horizon de la vie.

La croix,

La roue sur laquelle notre silence est d'abord brisé,

Le sexe, qui brise notre intégrité, notre inviolabilité séparée, notre profond silence, Et nous arrache un cri.

Le sexe qui nous brise et nous donne une voix, nous fait appeler par-dessus les abîmes,

appeler, appeler notre complément,

Chanter, appeler, et chanter encore, ayant reçu une réponse, ayant trouvé.

Déchirés pour être rassemblés après avoir longtemps cherché ce qui était perdu.

Le même cri vent de la tortue que du Christ, le cri d'Osiris abandonné,

L'entier déchiré,

Le morcelé, se retrouve intégral dans tout l'univers.

Tortoise Shout - D. H. LAWRENCE

(merci pour la découverte, René clic)

Avec : Pédro et Carapatte dans leurs oeuvres - photo © Arthémisia

 

Voir les commentaires

1772 - Qu'on m'amène ce jeune homme !

Publié le par Arthémisia

Voir les commentaires

1771 - La Parole...

Publié le par Arthémisia

La parole ne représente parfois qu’une manière, plus adroite que le silence, de se taire.

La Force de l’âge – Simone de Beauvoir, 1960

Avec : Prendre la parole – Christian BOLTANSKI – 2005 – Installation - http://www.paris-art.com/marche-art/Prendre-la-parole/Boltanski-Christian/4678.html clic

 

Voir les commentaires

1770 - Nos Fleurs qui tremblent, ensemble

Publié le par Arthémisia

Nous marchions sur les chemins de grande frayeur.

Les images mauves et noires, de dernière heure,

De nos vies les veilleurs,

Arrivaient

En brandissant leurs tours infâmes,

Dans le vent de nos âmes.

 

Serions-nous opiniâtres ?

De nos corps plus que chair

Nous ne pouvions faire théâtre,

Ni d’emplâtre

Nous satisfaire.

 

Nous élargîmes nos yeux,

Ensemble,

Comme ceux qui se ressemblent,

Et, dans le champ violâtre

Nous devînmes pâtres

De nos fleurs qui tremblent.

 

Arthémisia © avril 2015

Avec : Pink Sweet Peas 2 – Goergia O’KEEFE (1887-1986)

 

Voir les commentaires

1769 - La paysage changeur

Publié le par Arthémisia

De deux choses lune

l'autre c'est le soleil

Le paysage changeur - Paroles, Jacques PREVERT, 1949

 

Avec : David (extrait) - Michelangelo di Lodovico Buonarroti Simoni [en français Michel Ange - (1475-1564)]. Date de création de l'oeuvre représentée : 1501-1504. Sculpture en marbre - H : 4.10 mètres - Galleria dell'Accademia (Florence) - photographe : Fratelli ALINARI

Voir les commentaires

1768 - Méchante envie...

Publié le par Arthémisia

Voir les commentaires