J’ai vu, dernièrement, dans une librairie, un livre dont les pages étaient toutes
blanches, toutes vierges. C’était un livre blanc, sans mot, aucun. Un livre à remplir, un appel à noircir, à écrire.
Moi, je fais le contraire : j’écris un livre noir, noir de chez noir, charbonneux, un livre
archi rempli, excessivement verbeux, surabondant, trop plein, over-dosé, overdosique, vomissant, dégueulant des mots, des mots derrière lesquels il n’y a rien.
Des mots sans corps, sans chair, sans squelette, sans armature, des mots sans axe, désaxés,
transparents, évanescents, fantomatiques, spectraux, des idées, des concepts, des définitions, des allusions, des illusions, des rêves.
Buvez-les, mangez-les mes mots, ces mots de vent. Ils sont du néant.
Vous ne grossirez pas.
Ce ne sont que des bulles d’oxygène, de gaz rares que je me plais à partager.
Désolée, je n’ai rien de concret, de plus consistant, de plus roboratif, à vous
offrir.
Bon appétit, tout de même !
A la tienne, Arthi, la fille qui se suffit de peu !
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Avec: Vanité – Edouard COLLIER