1173 - Sous les draps
Tu voulais que je t’écoute.
Je suis venue dans un vent de sable tiède.
Ce matin sent la rose écrasée.
Ce sont les vacances. Je l’ai décidé. On fait comme si.
C’est heure de marée.
Ca bouillonne, doucement, gentil, là, dessous ta peau, là, dans ton ventre dur : c’est là que grouillent tes mots. Je le sais.
Viens. Ne perdons pas de temps. Nous n’en avons que trop peu.
Je sais écouter sous les draps.
© Arthémisia – Avril 10
Avec : CHRISTO – Projet aux crayons de couleurs pour The Gates – Central park
– Installation réalisée en février 2005.
1172 - Faire l'instant
Un oiseau est passé devant la lune.
Cela pourrait faire un roman.
Nous en fîmes un instant.
© Arthémisia – avril 10
Avec : Juan MIRO – L’oiseau et la lune jaune – aquatinte
1171 - Comptine de l'araignée rouge
Il y a une araignée au plafond de ma chambre.
Elle est rouge et je la vois briller dans la nuit.
Pourquoi brille-t-elle l’araignée rouge ?
Elle brille parce qu’elle lit, parce qu’elle lit dans la nuit.
Luit, belle araignée, araignée rouge, au dessus de mon lit.
Je lis aussi.
© Arthémisia – avril 10
Avec : Odilon REDON – L’Araignée souriante
(Je ne pouvais pas l’éviter ou alors c’était la Maman de Louise BOURGEOIS…trop connotée)
1170 - Intérieur nuit (Le rêve)
C’est tout grand. C’est tout blanc. Je n’avais pas prévu ça. Je pensais plus intime et peut être rouge ou orange. Enfin, chaud.
Mais il parait que le blanc ça fait chic.
Moi je trouve que ça éteint. Comme une page devant laquelle on bloque parce que la peur de salir.
On peut poser le pinceau juste comme il faut, avec la bonne couleur, la bonne quantité de couleur, et au bon endroit. Mais c’est drôlement risqué. Alors on n’y touche pas. Trop de responsabilité.
Et puis c’est tellement grand. Ce qu’on pourrait y mettre se verrait tout de suite. Comme un cri, un naufrage et ça ça ne se peut vraiment pas. Ca résonnerait trop.
Dans la petite pièce rouge, j’avais vu un lit d’acajou. Des dorures. Des fleurs un peu fanées. Un grand miroir doré. Des collections d’objets, d’olibos nacrés. Cabinet de curiosité.
Pas chic tout ça. Trop déjanté.
Pourtant j’ai eu envie de me coucher là sur la soie carminée, d’ouvrir ton livre, de sentir la main qui s’y était posée. Parfumée.
Et de fermer les yeux en peignant ta Beauté.
J’ai posé le pinceau. Je ne sais s’il le fallait, en ombres chatouillées. Je t’ai embrassé. Je t’ai touché.
C’était tellement grand. Je ne voyais plus rien.
Tu as aimé. Sans raisonner.
Je crois que j’ai dû rêver.
© Arthémisia – avril 10
Avec : Jules Joseph LEFEVBRE – Odalisque - huile sur toile – 1874
1169 - Home sweet home...
Qui entre ici rentre dans ma maison.
Elle l’est d’ailleurs beaucoup plus que les quatre murs dans lesquels j’habite. Là est probablement le fond du problème.
Cette maison je l’ai voulue lieu de Beauté, de culture et de partage. Ceci ne veut pas dire qu’elle doit être le royaume des Bisounours. Ceci veut dire que je souhaite qu’on y respecte son hôte, ses murs, et son éthique tout comme j’estime qu’on doit le faire quand on rentre chez quelqu’un qui plus est s’il vous accueille à bras ouverts comme je l’ai toujours fait ici – j’entends sans modérer les commentaires.
Dorénavant, et en conséquences de faits récents que je laisse à tous le droit d’apprécier, tout commentaire que je jugerai agressif, provocateur ou tout simplement déplacé sera supprimé, qu’il me soit directement adressé ou adressé à l’un de mes lecteurs.
Je n’ai jamais pensé devoir en arriver à une telle censure.
Mais à ma plus grande tristesse, je dois me rendre compte que parfois les lieux de Beauté, ou qu’on essaie de rendre tels, et qu’à ce titre on devrait respecter, ces lieux qui portent en eux tant de fragilité – et ceci explique peut-être la suite - sont détournés en terrains de guerre.
Cela relève pour moi du parfait saccage.
Je souhaite simplement que ma maison reste lieu de questionnement, (Relisez au besoin l’en-tête de ce blog), qu’on y échange, qu’on n'y soit pas systématiquement dans l’accord béat et la flatterie niaise mais qu’on y soit bien et qu’on respecte mon Beau.
Ceci en se rappelant que ce qui n’est que foutaise pour les uns fait peut-être l’immense profondeur pour l’Autre.
Arthémisia
PS : ce billet n’appelle aucun commentaire.
Si vous souhaitez m’en parler cela se fera dehors : soit vous avez mon mail ou soit vous pouvez me joindre par le lien « contact » en bas de page.
Ici la discussion est close.
Avec : Magritte – Le Poison - 1939
1168 - Blog fermé
Autoportrait.
1167 - Au fond, rien qu'une illusion
Au fond du lit
Je* lisse les plumes
Du titane divin...
Au fond je suis mi-koala,
Mi-rapace :
Qui l’eut cru ?
Au fond du café
Je dépose l’écrit
Sur le bord de la table : vlan!
Au fond du verre
Du lait
Beau.
Au fond du vert :
Rouge.
Complémentaires.
Au fond
Du vers,
Je prends l’eau
Illusions !
Au fond
Que dalle d’elle...
... *Léda.
© Arthémisia – avril 10
Avec : Anamorphose - Femme au miroir (j’ignore le nom du dessinateur)
1166 - Oublier qu'on est un
Comme il faut se courber
Regarder les asphaltes
Les cailloux acérés
Qui percent tant le cœur
Comme il faut se pencher
Mettre le nez à terre
Raser les taupinières
Y enfouir les outrages
Comme il faut accepter
D’être plus petit que soi
Se taire, rester humble
Dire non à sa lumière
Comme il faut pour les autres
Refaire et rerefaire
Ce que dans son déni
Il ne remarque pas
Comme il faut se sourire
Car tout ça n’est pas grave
Tu seras remercié(e)
A l’heure du jugement
Comme déjà le jugement
Est présent sur la terre
Et nous fait nous éteindre
Oublier qu’on est un.
© Arthémisia – avril 10
Avec : Edward HOPPER – Le vent du soir
1165 - Maux
A Ut et à Marie Do.
Maux de tête ou de queue. Maux de ventre ou de cœur. Les motifs sont pléthore pour être de souffrance.
Mauvaises pensées, vomis de l’âme, maux d’esprit, aux bas maux : lamentables !
Tu as tu tous les maux. Tu as tu tous tes maux.
Tu les as même maudits.
Malheur aux maux !
Omets-les ! Occulte-les ! Cache-les ! Motus et bouche cousue.
Enterre-les ! Jette-les dans la fosse…
Mais ne t’étonne pas de voir un jour sortir du tumulus des maux, un mot qui dit « Je t’aime ».
©Arthémisia – avril 10
Avec : Edvard MUNCH – Femmes sur la plage.