Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

858 - Elle s'habille de noir

Publié le par Arthémisia



Elle s'habille de noir.
Le noir est une couleur. Mille couleurs.

A commencer par celles des tombeaux et des ventres. Celles des profondeurs, des abysses, des trous, des écroulements, des écoulements, des chaos.

Celles des cendres mouillées par les larmes, des gris malades, des souillures. Celles des cris de la terre et des hommes, de leurs fers, de leur mal.

Le noir est une couleur sans sagesse.  Elle se déploie dans l’ombre, ruse, et tombe  lourdement. Elle est mots. Elle est encre. Mots et mots encore, ceux qu’on ne peut entendre.

Car le noir est une couleur bavarde, pertinente et d’impact. Qu’elle soit pâte crouteuse, aplat lisse et brillant,  ou jus sale. Bouillon d’onze heures. Plomb. Elle tombe. Toujours.

Déraisonnablement, monstrueusement.
Le noir est intrépide, casse gueule, rude.

Le noir est une naissance, une présence, un être nocturne enrubanné de folie, un charbon ardent, un animal rampant. Et peut être une fourmi ? Une minuscule fourmi.

Car le noir sait être pauvre, modeste, invisible, mort, ou en voie de mourir. Le noir est suicidaire.

Et pourtant il se bat. Contre les autres couleurs. Quelle lutte ! Quel match ! Et quels applaudissements ! Car le noir fait le beau, l’espoir, le viol.

Le noir porte. Le noir emporte.

Le noir est vital : il accouche des printemps.

 

Copyright © Arthémisia - janvier 2009

Avec : Jean-Jacques HENNER - Portrait de Laura Leroux

 

Voir les commentaires

857 - Je ne t'aime vraiment pas

Publié le par Arthémisia

 

 

 

Tak, tak, tak !


Il doit faire froid. L'oiseau noir jacasse au milieu du jardin mort. Je crois bien qu'il me nargue derrière la fenêtre. Il tire à la mitraillette des coups brefs, percutants, qui traversent la vitre et me perforent violemment.
Le ventre. Le crâne.


Je ne t'ai rien fait oiseau. Au début de l'hiver j'ai même accroché pour toi et tes amis des boules de graines dans les arbres. Que me veux-tu aujourd'hui ?


Tu te moques ? Tu te marres ?

J'entends ton rire hilare.

Tak, tak, tak !

Ton rire de sale guerre.


Je ne t'aime pas, oiseau. Tu es comme eux, noir et tu ris jaune.


Et tu prends du plaisir à étaler mes tripes sur ma table, sous mes yeux.

Et à les piétiner de tes ergots pointus.


Je ne t'aime pas, oiseau. Je ne t'aime vraiment pas.


Copyright © Arthémisia - janvier 2009

Avec : Pierre GRIMM - La Pie

 

Voir les commentaires

<< < 1 2 3