Ne me regarde pas.
Abandonne toi.
Laisse ouvertes tes portes.
Ton esprit, je l’emporte,
Ne le retiens pas.
Ne sois plus que ton corps.
Ta peau, donne la moi.
Mon crayon en prend déjà tous les trésors,
Déposant sur la feuille
Mille nuances, mille vivances
Dans l’évidente insolence
De mon œil.
Livre de ta bouche la brillance
Et de ses fruits l’ample garance.
La pointe de mon 9B
Incite mes dents à croquer
La grenade qui y naît.
Laisse ton souffle s’assagir.
Ne l’accompagne d’aucun parfum.
C’est de ton ventre que par ma main
Tient ta vie sur le vélin.
Donne moi aujourd’hui tes jambes
Libérées, courant folles, vers l’avenir,
Et la malice de tes fesses
Que j’entoure de graphiques laisses.
Je conduis du regard ta pose
Qui hésite et puis soudain montre
En une virile métamorphose
Ce qui trop souvent me fait fondre.
Sois ce sexe ému et troublé
Mais décidé à résister.
Sois, Homme, mon modèle, mon rocher,
Ma force, où je peux m’appuyer.
Quand mes feuilles seront toutes noires
De mes désirs, de mes vouloir,
Je viendrai devant toi déposer
La fleur muette et mouillée,
La fleur d'ici, de maintenant,
La fleur que tu attends tellement.
Copyright © Arthémisia - février 2007
Illustration : Egon SCHIELE - Autoportrait