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598 - EUX (1ère partie)

Publié le par Arthémisia

S’inspirant de Georges PEREC, Juliette nous propose sur Papier libre, de réaliser 2 portraits – l’un masculin, l’autre féminin - en nous inspirant des réponses que nous aurons données aux questions suivantes :

-
Quels sont ses objets fétiches ?
- Que fait-il quand il (ou elle) n'a rien à faire ?
- Qu'y a-t-il dans ses poches ?
- Quel est le cauchemar ou le rêve qu'il (ou elle) fait régulièrement ?
- Comment mange-t-il  (ou elle)?
- A-t-il (ou elle) le sourire facile ?
- Comment ses amis le (ou la) surnomment-ils ?
- De quoi a-t-il peur ?
- Aime-t-il (ou elle) les animaux ?
- Que boit-il quand il fait chaud ?
- Où s'assied-il volontiers ?
- Quelle langue étrangère parle-il (ou elle) ?
- Quel genre de mère a-t-il (ou elle) eu ?
- Avec quoi écrit-il (ou elle) ?
- A-t-il (elle) des cicatrices ?
- Quel est l'évènement qui a bouleversé sa vie ?
- S'endort-il (ou elle) facilement ?
- À quoi ses clés sont elles attachées ?
- Qui sont ses voisins ?
- Aime- t-il (ou elle) la chaleur ?
-- Comment est-il (ou elle) quand il est amoureux ?
 
…Eux …
Il adorait la chaleur de son lit, même tard dans la matinée ; il y gardait les yeux ouverts, repensant à cette fuite dans le désert, qui l’avait vu bondir hier, sans crainte, tel le guépard.
Aujourd’hui sa seule angoisse était  de mourir seul.
Il aurait pu faire la fête. Quelques billets dépassaient encore de la poche de sa veste. Il aurait pu baragouiner quelques mots d’anglais à une touriste au casino, lui faire son plus beau sourire, lui offrir du champagne et des langoustes et faire semblant d’être fou d’amour pour elle.
Pourtant il se leva pour prendre du papier, son stylo et s’installa à son bureau. Il fallait soudain qu’il écrive.
Il regarda le tableau, celui qui représentait sa mer, son Ouest. Cela réveilla de vieilles cicatrices. Des bagarres du cœur.
La sirène d’un bateau retentit au loin.
« Pourquoi m’as-tu si peu aimé, Maman ? »
 
Cette maudite chaise manquait de confort…
 
 
C’était la fin du printemps et la chaleur s’annonçait agréablement.
La matinée avait été studieuse.
Elle avait commencé par dépoussiérer tous les tableaux et tous les livres, puis avait nourri les tortues, dans le jardin.
Apercevant le jeune voisin qui se promenait en boxer sur sa terrasse, un sourire lui était même venu.  
Puis, assise sur son lit,  elle avait passé deux  heures à trier soigneusement ses écrits, ceux qui encombraient ses poches, gribouillés au crayon, et ceux noircis au bistrot sur lesquels se dessinaient les ronds de ses tasses de café.  
Elle les avait rangés dans les classeurs orange, à côté des lettres qu’elle avait écrites à son père de son écriture appliquée, avec son magnifique Meisterstück.
Pourquoi n’avait elle  jamais eu le courage de les lui envoyer ?
 
Elle eut soudain l’envie rageuse de rogner une côtelette d’agneau  jusqu’à l’os…
 
Copyright © Arthémisia – Février 2008

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366 - Les chemins qui ne mènent nulle part (fin...)*

Publié le par Arthémisia

 

 

 
 
 
Chapitre 14 :
L’invitation
 
 
            L’espace avait doublé, triplé peut-être ?
            Ils marchaient ensemble sur un chemin, un chemin qui mène au sommeil. Conjugué.
 
A. se réveilla quatre heures plus tard. Il tendit vainement l’oreille pour entendre la respiration de M. Seule sa main sur la rondeur de l'un de ses seins, lui fit croire en la vie.
 
M. était la vie, sa vie.
 
Et le vent fit de nouveau vaciller la branche…
 
L’invitation que lui lancèrent les reins voluptueusement cambrés de M. était sans équivoque.
A. l’accepta.
 
 
Copyright © Arthémisia - avril 2007
 
Ilustration :  A. RODIN - La Danaïde

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365 - Les Chemins qui ne mènent nulle part (13)*

Publié le par Arthémisia

 

 
 
 

Chapitre 13 :

Plus fort

Ses yeux l’appelèrent encore plus fort. Des bacchantes y dansaient.

 

Ses mains, agrippées à ses hanches l’appelèrent encore plus forts.

Sa bouche l’appelait encore plus fort. Des prières sataniques en fusaient.

Son sexe l’appelait encore plus fort. Des caresses ondoyantes y naissaient.

 

 

 

Leurs regards s’appelèrent encore plus fort.

Ils vinrent.

 
Copyright © Arthémisia - avril 2007
 
Illustration : coupe aux Bacchantes - Musée de Bruxelles

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364 - Les Chemins qui ne mènent nulle part (12)*

Publié le par Arthémisia

 

 
 
 
Chapitre 12 :
Le monstre
 
 
            Elle n’était plus.
            M. devenait une démesure, une folie, un abandon, un don.
            Ses yeux se firent géants quand elle reçut A. dans son ventre. Sa torture allait finir. Venait le temps du plein.
            Elle sentait toute son arrogante masculinité se vautrer en elle. Il était devenu un monstre la dévorant de l’intérieur, un monstre affamé qui se régalait avec une outrance sans retenue. Il était une occupation impérieuse et totale. Il était sien.
 
Copyright © Arthémisia - avril 2007
Illustration : C.Noël © KOAKIS

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362 - Les Chemins qui ne mènent nulle part (11)*

Publié le par Arthémisia

 

 

 
 
 
 
Chapitre 11 :
L’écho
 
 
            Elle avait envie de lui dire combien le plaisir qu’il lui donnait était grand mais de sa bouche ne sortit plus qu’un gémissement quand ses deux pouces la pénétrèrent. Il en profita pour ne faire qu’une bouchée de la tête du papillon.
 
            L’insecte s’envola dans l’instant.
 
            A. sentit le terrible frémissement de l’orgasme de M. Tout son corps était agité de soubresauts incontrôlés. Au loin, ses deux seins ronds et blancs tremblaient telles des planètes cataclysmiques. Il appuya fortement le plat de sa main sur le clitoris de la belle et ne laissa pas le plaisir s’échapper. Il savait parfaitement qu’ainsi la jouissance des femmes vient se cogner sur la paume qui les couvre pour mieux repartir en écho ramper dans leur ventre.
 
Copyright © Arthémisia - avril 2007
 
Illustration :  oeuvre de J. P. PINCEMIN (désolée, c'est petit...)

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361 - Les Chemins qui ne mènent nulle part (10)*

Publié le par Arthémisia

 

 

 
 
 
Chapitre 10 :
Le drap de noce d’une vierge
 
 
            M. était restée assise au bord du lit.
            Voir A. la lécher lui procurait presque autant de plaisir que ses caresses.
            En appuyant fortement ses mains sur l’intérieur de ses cuisses, il l’obligea à les ouvrir plus largement. Puis, l’attrapant rondement sous les fesses et les soulevant, il ramena son bassin dans le vide et l’offrit encore plus à sa bouche. M. ne put que se laisser tomber en arrière en travers du lit.
 
           A. léchait ses pétales en les étalant très doucement, comme si il avait découvert entre les jambes de sa maîtresse, les pages précieuses d’un manuscrit ancien et fragile. Il n’y voulait aucun pli, aucune volute. Il les voulait lisses et nettes tel le drap de noce d’une vierge, telle la plage après la nuit.
 
            Tout M. se retrouva là.
            Elle était réduite à ses lèvres offertes en pâture au jeu de son amant. Et il trichait.
Elle n’arrivait même plus à lui en vouloir de l’avoir tant fait attendre. Elle aimait être à lui, elle n’aimait que ça, ne voulait que ça et elle était prête à tout supporter de lui, même le temps.
 
Copyright © Arthémisia - avril 2007
 
Illustration  : Le BERNIN - Le Rapt de Proserpine

 

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359 - Les Chemins qui ne mènent nulle part (9)*

Publié le par Arthémisia

 

 
 
 
Chapitre 9 :
Le papillon
 
 
            A. appliqua ses phalanges sous les yeux de M. et le papillon de ses mains déployées, dans un geste d’une infinie douceur, y effaça la pluie de son âme.
           
Le ciel se rétrécit alors jusqu’à son sexe.
Ses doigts y reproduisirent ce geste d’ouverture, écartant les ailes de ce sphinx qui s’ouvrirent comme au sortir d’un cocon, pour découvrir un petit animal luisant et couvert de rosée.
            La bouche de A. s’en empara.
 
Copyright © Arthémisia - avril 2007
 

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358 - Les Chemins qui ne mènent nulle part (8)*

Publié le par Arthémisia

 
 
 
Chapitre 8 :
Le goût
 
 
 
          Les yeux de A. plongèrent en M. jusqu’à son cœur.
Il s’accroupit à ses pieds prenant soin d’écarter les derniers débris de verre et posa ses lèvres sur la petite plaie qui suintait. Il avait les yeux fermés et son visage incliné sur les genoux de sa maîtresse semblait vouloir se noyer dans son parfum jusqu’à l’asphyxie de ses sens. Il sentit sur ses papilles et dans toute la voûte de son palais, se développer un goût étrange, nouveau et voluptueux, assez proche de celui d’un vin de Bourgogne, tannique et masculin : le goût de la vie.
            Et tout près, derrière la double paroi lunaire de ses seins, il entendait son cœur battre.
 
        A. n’aspira pas la blessure mais, garda la main endolorie de M. dans la sienne et ses lèvres et l’extrémité ultime de sa langue, pressées sur la coupure dans une sorte de baiser doux et prolongé. Elles ne la quittèrent que quand le sang ne coula plus et il conserva encore longtemps un regard hypnotique sur la petite fente rose afin de s’en assurer.
 
            Les pleurs de M. s’étaient calmés.
 
            Une autre blessure attendait A.
 
 
Copyright © Arthémisia - avril 2007
Illustration : Isabelle BONJEAN

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357 - Les Chemins qui ne mènent nulle part (7)*

Publié le par Arthémisia

 

 

 

 
 
 
Chapitre 7 :
La coupure
 
 
            Dans la bouche de M. se déploya soudain un désert. La douleur y prenait la forme d’un sable fin et cauteleux qui glissait insidieusement sur sa langue. Sans pour autant satisfaire la soif de M. dans le noir de la chambre, le glou-glou qui provenait de la salle de bains, prenait une amplitude étonnamment rayonnante, douloureuse dans sa tête et contrairement à toutes attentes, il la tarissait.
 
            Un verre d’eau tiède traînait sur la table de nuit. Elle tendit la main pour s’en emparer.
 
Fut-ce son trouble, l’absence quasi-totale de lumière, ou plus étrangement la fatalité sombre d’un mauvais jour à venir, son tâtonnement aveugle ne réussit qu’à faire tomber le verre qui se fracassa sur le carrelage froid.
 
Elle lâcha un gros mot.
 
A. surgit presque aussitôt.
Son corps nu, tout ruisselant, dégoulinait sur le parquet, et sa peau mercurielle, irradiait d’un éclat métallique dans l’entrebâillement de la porte. Il aurait pu tourner dans un film de science-fiction.
 
Sur la main de M. progressait doucement un fin ruisseau rouge. Elle s’était coupée en ramassant les morceaux de verre.
 Elle pleurait, naufragée de sa nuit, assise au bord du lit.
 
 
 
Copyright © Arthémisia - avril 2007

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355 - Les chemins qui ne mènent nulle part ( 6)*

Publié le par Arthémisia

 

 
 
 
Chapitre 6 :
Fuir la banalité
 
 
A. n’arrivait pas à se résoudre à ce qu’il percevait presque comme une horrible banalité : faire l’amour, là, maintenant, même si son corps le réclamait, le perturbait. Il fallait de façon incontournable que sa tête soit en accord avec son sexe. Même si le corps de M. et son état le troublaient inévitablement, il n’arrivait pas à imaginer un seul instant, ne pas être suffisamment maître de cet appel. Subir les exhortations insistantes de sa chair, c’était pour lui, non seulement perdre sa faculté de libre arbitre devant son animalité, mais aussi devant…elle.
Le mouvement brutal et sec qu’il fit pour sortir du lit, releva presque du bond.
M. en resta pétrifiée.
 
 
 
Copyright © Arthémisia - avril 2007
Illustration : Marcel DUCHAMP - Roue de bicyclette
pour Lung Ta!!!!

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