S’inspirant de Georges PEREC, Juliette nous propose sur Papier
libre, de réaliser 2 portraits – l’un masculin, l’autre féminin - en nous inspirant des réponses que nous aurons données aux questions
suivantes :
- Quels sont ses objets fétiches ?
- Que fait-il quand il (ou elle) n'a rien à faire ?
- Qu'y a-t-il dans ses poches ?
- Quel est le cauchemar ou le rêve qu'il (ou elle) fait régulièrement ?
- Comment mange-t-il (ou elle)?
- A-t-il (ou elle) le sourire facile ?
- Comment ses amis le (ou la) surnomment-ils ?
- De quoi a-t-il peur ?
- Aime-t-il (ou elle) les animaux ?
- Que boit-il quand il fait chaud ?
- Où s'assied-il volontiers ?
- Quelle langue étrangère parle-il (ou elle) ?
- Quel genre de mère a-t-il (ou elle) eu ?
- Avec quoi écrit-il (ou elle) ?
- A-t-il (elle) des cicatrices ?
- Quel est l'évènement qui a bouleversé sa vie ?
- S'endort-il (ou elle) facilement ?
- À quoi ses clés sont elles attachées ?
- Qui sont ses voisins ?
- Aime- t-il (ou elle) la chaleur ?
-- Comment est-il (ou elle) quand il est amoureux ?
…Eux …
Il adorait la chaleur de son
lit, même tard dans la matinée ; il y gardait les yeux ouverts, repensant à cette fuite dans le désert, qui l’avait vu bondir hier, sans crainte, tel le
guépard.
Aujourd’hui sa seule angoisse était de mourir
seul.
Il aurait pu faire la fête. Quelques billets dépassaient encore de la poche de sa veste.
Il aurait pu baragouiner quelques mots d’anglais à une touriste au casino, lui faire son plus beau sourire, lui offrir du champagne et des langoustes et faire semblant d’être fou d’amour pour
elle.
Pourtant il se leva pour prendre du papier, son stylo et s’installa à son bureau. Il
fallait soudain qu’il écrive.
Il regarda le tableau, celui qui représentait sa mer, son Ouest. Cela réveilla de
vieilles cicatrices. Des bagarres du cœur.
La sirène d’un bateau retentit au loin.
« Pourquoi m’as-tu si peu aimé,
Maman ? »
Cette maudite chaise manquait de confort…
C’était la fin du printemps et la chaleur s’annonçait
agréablement.
La matinée avait été studieuse.
Elle avait commencé par dépoussiérer tous les tableaux et tous les livres, puis avait nourri les tortues, dans le jardin.
Apercevant le jeune voisin qui se promenait en boxer sur sa terrasse, un sourire lui était
même venu.
Puis, assise sur son lit, elle avait passé deux heures à trier soigneusement ses écrits,
ceux qui encombraient ses poches, gribouillés au crayon, et ceux noircis au bistrot sur lesquels se dessinaient les ronds de ses tasses de café.
Elle les avait rangés dans les classeurs orange, à côté des lettres qu’elle avait écrites à son père
de son écriture appliquée, avec son magnifique Meisterstück.
Pourquoi n’avait elle jamais eu le courage de les lui envoyer ?
Elle eut soudain l’envie rageuse de rogner une côtelette d’agneau jusqu’à
l’os…
Copyright © Arthémisia – Février 2008