1483 - Les Territoires
Sur la lisière orange
La solitaire
Touche le bras doré
L’aile fleurie de pavots
L’étoile de mer humide
La bouche confiturée de l’ange
La nuit bascule
Sans chandelle
Sous le nuage orthonormé
De polystyrène gris
Qui rit très fort de sa forfaiture caverneuse
Mais l’Hermès onirique
Ouvre les territoires
Aux yeux chamaniques
Aux voies plurielles des enfants éternels
Des rois
Et des hommes fiers
Qui boivent tous les ciels de Payne
Et d’ivoire
Jusqu’à plus soif
© Arthémisia – 07/2011
Avec : Le Nuage Orthonormé © Arthémisia – 04/2011
1482 - Presque*
Le son rond de l’instrument nous recouvre de son cocon
Nous dormirons paisiblement
En retrait
Avec seulement le goût de nos mots
Sur nos langues
Et celui de nos sexes
Dans nos ventres
Nous dormirons paisiblement
En retrait
Presque morts
© Arthémisia – 11-07-26
Avec : And the bridegroom - Lucian FREUD – 1993
En hommage.
1481 - Cris et chuchotemens
Le rêve est rouge.
Cauchemar. De brocard.
De sang.
Et d’or. Celui de la pendule qui tique et taque, attaque, métallique.
Le ventre, la maison, sont pleins de mort, de cette mort théâtrale, abandonnée des dieux, muette, parce que personne ne veut l’entendre. Ne peut l’entendre.
Il ne faut rien dire. Il ne faut rien montrer.
La chair abusée, se coupe, se déguise, se calme et se clame dans le retrait en soi, la noirceur, la frustration, le tabou, à jamais.
On fuit.
On pourrait être auréolé.
On n’est que lâcheté.
Arthémisia – 20 juillet 2011
(D’) après …Cris et Chuchotements d’Ingmar BERGMAN
Avec : 3 captures d’écran du film.
1480 - MIDI
Une suite à ça...
j'ai vu le serpent
onduler
je vois l'ombre
de l'écriture
- MIDI-
Charles COUTAREL
4 février 90
Avec : L'Ombre de l'écriture © Arthémisia
Jardin de la Villa Tamaris Pacha - La Seyne / mer
1479 - Avoir cours
Avoir du courrier c'est avoir cours
© Arthémisia - 20 juillet 2011
1478 - Mâle effet
Certains souvenirs
sont pour les larmes
D’autres répètent
inlassablement
" oui, je l’ai fait "
© Arthémisia – 20 juillet 2011
Avec : Sans titre – Claudio PARMIGGIANI
Fumée et suie sur bois - 2004
1477 - Un Soir au club
Ne passons pas à côté des nuages. Ils pourraient nous manger.
Telle est la petite musique du livre de Christophe
GAILLY, Un Soir au club.
Dans un style très élaboré, très feutré, intimiste, GAILLY raconte l'inéluctable : il sait de quoi il parle, de qui il parle ; le bal s'ouvre avec COLTRANE.
Jusqu’au Never let me go.
Simon arrive dans cette boîte bretonne tout à fait par hasard.
Il a abandonné le jazz, l’alcool et les excès depuis dix ans pour adopter une vie de famille rangée. Dans ce bar de province il va retrouver sans beaucoup s’y refuser, le plaisir de ses démons, la liberté qui grise, et s’accrocher au bras de Debbie la propriétaire chanteuse.
Parce que ce jeune pianiste qui joue devant lui tisse dangereusement le roman blanc et noir d’une vie réactivée.
Emporté par la fulgurance de l’instant, il replonge dans la musique qu’il aime et recule le moment de rentrer à Paris, retrouver sa femme, Suzanne.
Mais Suzanne sait.
Et Simon sait qu’elle sait.
Pour l'empêcher de le voir lever l’ancre, Suzanne part le chercher en voiture.
Peut-on toujours sauver sa vie ?
Pour tout vous dire, il semble que seul Dingo, le chat de Suzanne, connaisse la réponse à cette question.
© Arthémisia - 07/2011
Un soir au club
Christophe GAILLY
Prix du livre inter 2002 - Editions de Minuit
Avec : pochette du CD de Bill EVANS dont est extrait Never let me go.
1476 - Le Serpent jaune
"Un soleil, une lumière que faute de mieux je ne puis appeler que jaune, jaune soufre pâle, citron pâle or. Que c’est beau le jaune !"
Lettre de Vincent Van GOGH à son frère Théo.
Août 1888
Avec : Le Serpent jaune © Arthémisia
Jardin de la Villa Tamaris Pacha - La Seyne / mer
1475 - Après midi
Même l’oreiller de lin blanc n’apporte de fraîcheur qu’un court instant. Le temps que par osmose, la joue lui communique sa sève fièvreuse.
On est nu, mais on voudrait l’être plus, ne plus avoir de cheveux, ne plus avoir de peau. Le corps est de trop. Il fond.
On voit l’autre, dans notre espace, son être-même ; il est à la limite du lisible – peut-être est-ce nos yeux qui s’embuent ? - s’approchant d’un sacré, si lourd et pourtant si aérien, dominé par son nom.
Lui hier si muraille, si falaise, si verticalité, dans la clameur infernale de l’après-midi, juste après midi, est devenu abîme, abandon, suspension de l’accès.
Sa rive est intouchable ; sa citée défendue. Son mystère remet l’acte à plus tard, quand le jour trop enflammé ne sera plus qu’une histoire, qu’on ne sera plus qu’amoureux et qu’on pourra plonger.
© Arthémisia – 07/2011
Avec : Joan MIRO - La Sieste