1121 - Lecture irrationnelle de la vie (LIV)
Rien ne me tape plus sur les nerfs que les gens qui attribuent systématiquement des qualités ou des travers aux autres sous prétexte qu’ils sont homme ou femme, comme si certains caractères étaient sexués.
Ainsi combien d’hommes, peu évolués devant l’héritage machiste des générations qui les ont précédés, qualifient toutes les femmes de superficielles, de dépensières, de sottes, voire de c…. (oui, oui, je vous assure que je l’ai entendu !)
En retour certaines femmes peu attentives, taxent la gente masculine de manque de sensibilité, d’écoute, et d’égoïsme.
Je le reconnais, et j’en suis la première convaincue : certaines qualités ou certains défauts sont plus ou moins féminins ou masculins. Ce qui me gène, c’est la généralisation qui en est faite.
On se demande comment avec de tels attributs, les hommes et les femmes arrivent encore à vivre l’Amour, comment les femmes cultivées et intelligentes et les hommes sensibles et aimants, arrivent à survivre hors de ces « normes » ridicules.
Heureusement le livre de Marcel
MOREAU,
Lecture irrationnelle de la vie
(Edition Complexe),
dont je vous ai déjà donné un extrait, m’a prouvé combien tout est encore possible.
Marcel MOREAU lui-même, est un homme sensible, sensoriel, sensitif, et c’est ce qu’il veut placer bien avant la raison comme moteur de sa (la) vie.
Ayant fait l’expérience dans sa jeunesse d’une forme de formatage de sa pensée par la raison (en l’occurrence un endoctrinement politique) et en ayant vécu, mesuré, analysé et compris les conséquences sur son développement personnel et l’inadéquation de cette pensée imposée avec les furieux appels de son intime, il propose un mode de fonctionnement qui paraîtra peut-être périlleux à certains, un mode de fonctionnement hors consensus, basé sur un instinct que chaque expérience éclaire.
Il ancre l’humain dans une contre raison qui puise sa force dans la personnalité, l’affirmation par la parole, l’expansion de l’individu hors de modes sclérosant(e)s, du dire hypocrite. Il parle sauvage, hors des murs, hors du champ, viscéralement, libre.
Je vous laisse apprécier – et j’ose parler d’intelligence sensible - comment en quelques mots et loin de normes dont je vous parlais en début de mon article, il évoque la femme comme la source de son écriture…(page 249)
Pourquoi j’écris ? Et pourquoi pas « Pour qui j’écris ? » J’écris pour la Femme* dont les entrailles sont belles. J’écris à celle qui se cherche, dans ses entrailles, des mots que je voudrais écrire dans la chaleur des miennes. J’écris à ces entrailles d’Elle qui m’inspirent des arts que je ne sais comment dire, et ne sais faire en sorte qu’ils soient son art à Elle. A ses noirs entrailles où tournent dans leur sang des moulins à prières, prières inouïes, par le sexe balbutiées, ruisselantes exaucées.
J’écris à ses orgasmes, à son dieu de la Danse* noyé entre ses jambes, à sa bouche qui enfle au gré des incensures, et j’écris à ses yeux où l’autre soir j’ai vu des désirs chevaucher des désirs et de premières luxures se lever comme le jour, ne se coucher qu’à l’aube. J’écris des mots nouveaux connus qui s’en vont dans son ventre mendier des mots nouveaux. J’écris à ce corps-là sa rare immensité contractée dans un spasme. A ses berceaux de chair où rit l’enfance perverse. J’écris des écritures qui plongent dans mon corps et le sien à la fois, et qui ne se séparent qu’aux écritures blasées, lasses d’avoir joui…
Je veux donc vous remercier, Monsieur MOREAU, pour toutes les femmes qui ne sont pas des grues, et pour tous les hommes habités de sensibles.
Vous me confortez dans le fait qu’ils
existent. Ils existent. J’en ai rencontrés.
Ils se reconnaîtront.
*Les majuscules sont de MOREAU lui-même.
© Arthémisia fév.10
Avec : Lydie ARICKX – L’Extase –
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