Arthémisia
Ta main lourde de caresses flirte depuis si longtemps sur la peau de ce fruit, égrainant mille et une
notes d’un subtil refrain, d’un free jazz syncopé, escaladant un à un les barreaux de plus en plus glissants de l’échelle de ma félicité. Douce et velouté ma pèche est devenue lisse, prune
d’humeur sucrée, miroir sans retenue des saltos de tes doigts. Triple boucle piquée.
Oh, oui ! Tu l’as piqué, volé, violemment dérobé, le noyau érectile si bien décapuchonné. Tu le tourmentes tant
ce petit chaperon rouge, toi mon loup si noir, hantant nuit comme jour, sans retenue, mes forêts les plus blondes ! Ô pauvre fruit mûrissant, mugissant sous tes phalanges
rapides !
Ta langue leste et soyeuse chaudement le recouvre, l’enrobe, capiteuse couverture contre sa solitude, moelleux
enlacement de ses affres hédonistes. C’est doux, c’est fort, appuyé, calculé, précis et concentré. Expérimenté aussi.
Au fond de mes entrailles, je les sens ces trois doigts, orgueilleux de leur inquisition. Ils usent de leur force
ajoutée à ta bouche pour me faire basculer au pire de ma fièvre.
Je jouis, mon Amour, je jouis si fort !
Ne laisse pas sortir cette grâce de mon sexe.
Appuie, appuie encore tout le plat de ta main sur ce fruit malaxé qui ne défend plus rien. Loin de pouvoir s’en
échapper, sa jouissance folle au creux de mon chat égaré, rampera sourdement tout le long de mes veines et viendra se cogner au plus loin de mes extrémités, au tréfonds de mon ventre, au centre
de mon âme.
Reste, reste encore un peu là…
Ferme lui la porte à ce plaisir errant en mon corps satisfait.
Appuie, appuie ta paume sur ma montagne magique, barre la fuite trop rapide de cette petite mort. Au plus noir de ma
chair, je l’y garde au chaud tel le feu sous la cendre.
…Et puis, maintenant, viens, viens l’y chercher. Ton sexe, je l’attends…
Vite ! Je n’en peux plus !
Cyril :
Je retire ma main humide, tes jambes s’écartent et se relèvent légèrement, tu m'offres un divin paysage, ta vulve s'ouvre convulsive,
elle m'appelle et me charme, coquillage rose aux lèvres délicieusement ourlées, conque aux milles désirs dont le chant marin captiverait tous les Ulysse en mal d’aventure.
Je me place à genoux à l'entrée de ta porte, et y présente ma verge au début
d’érection prometteur, je la fait glisser contre tes cuisses humides et contemple ton désir haletant : tu es si belle, ton corps musclé, voluptueux et sensuel, et ta peau est si chaude et douce
au creux de tes cuisses que mon sexe prend rapidement des forces. Il pointe bientôt, lance courbe et gonflée de désir, puissamment érigé.
Je prend cette lance entre mes doigts d’artiste et la promène sur ton sexe tel un
pianiste inspiré par la mélodie de l’extase… D'abord la fine peau alentour de ta corolle, de la frontière du pubis, mont de Venus, à la naissance des fesses, puis plongeant le bout du gland dans
le petit puits de ta vulve, je remonte tout le long de la fente, pressant ma chair tendue dans les courbes de tes lèvres qui s'écartent, l'enveloppent et l’embrasse avec amour au passage et,
enfin, je viens grossir jusqu'à ton clitoris que je masse délicatement de mon gland aux allures de fraise sauvage, tandis que mes bourses lisses et pleines caressent avec tendresse la naissance
de tes fesses...
Tu gémis, tu halètes, réclames la fusion ultime des corps, ma chair intime enfin dans
la tienne. Je me penche alors au-dessus de toi, respirant tes cheveux de soleil, plongeant mon regard dans le lac sombre de tes yeux et pose ma langue sur ta bouche, la passe sur tes lèvres
sensuelles, léchant leur courbe onctueuse. Tu l’aspires au passage tel un pénis adolescent, je t'embrasse à pleine bouche, passionnément. Nos langues se mêlent, langoureuse valse, ballet humide
et charnel, repas des dieux.
Tu me libères, je continue ma course dans ton cou, ta gorge se déploie telle une
voile prête à un long voyage, invite ma bouche à descendre au creux de tes seins. Je goûte au sel luxurieux de ta peau, lèche tes douces mamelles gonflées de désir et vient téter tendrement leurs
pointes dressées se soulevant au rythme de ta respiration désirante. Respirant à plein poumon leur parfum sauvage, je remonte vers ton cou et enroulant ma langue subtile aux lobes de tes
oreilles, vient y souffler mon plaisir à demi-mot, mes promesses de jouissance.
Je presse mon corps contre le tien, nos chaleurs se diffusent, corps à corps, peau à
peau, nudité salvatrice. Ma verge bandée, électron libre entre tes cuisses, mélange nos miels et, trouvant la voie, plonge enfin dans ta fontaine de plaisir ! Centimètres par centimètres, je
m'introduit lentement mais sûrement, je pousse et t'élargit à mesure, avec aisance. Tu sais m'accueillir, avide que je te remplisse. Dix bons centimètres ont glissés en toi, un sang bouillonnant
frémi contre tes muqueuses, un feu subtil monte en toi, sensation chaude et dynamique. Tu te hisses jusqu'à mon pubis d'un coup de reins, haaaa.... ma verge coulisse toute entière en toi, dix
autres centimètres de chair chaude et palpitante t’envahissent… Enfin tu me sens combler ta chair et venir cogner, si gros et dur, jusqu'au fond de ton ventre, c'est mon être tout entier qui
plonge en toi !
Arthémisia
Outrage à ma pudeur, l’arc nu de ton sexe avait fait chavirer ma vue. Désormais c’est mon corps qui chavire, se noie
et coule autour de toi. Ta lutte m’inonde, me titanise dans un océan pas du tout pacifique d’eaux profondes et bouillonnantes. Ton sexe se bat en moi. Je sens cette guerre vorace. Il se cogne
partout. Il envahit tout, détruit tout, tel un Attila dressé au milieu des steppes les plus humides de ma géographie. Je suis un champ de ruines. Ma volonté gît là, sur le tapis. Morte. Devant
ton attribut si fièrement érigé, licorne de ton ventre, féerique rostre arqué couleurs de miel et d’ambre, je n’ai que renoncé à toutes mes sagesses. J’avoue ma déchéance.
Désormais en moi, fort de tes largesses, tu investis mon ventre tentant dans ton urgence une terrible percée au plus
noir de mon cœur.
Fort. Fort ! Tu fais tomber ma pudeur, ma vertu, sous les coups endiablés de tes reins déchaînés. Je m’y
accroche. Mes jambes t’enserrent. Mes mains s’agrippent aux muscles de tes bras. Cheval plein de fougue, tu rues, te cabres, refuse le licol. Tu cavales, caracoles, gonfles et te
dilates…
Mon sexe se serre, tremble et vibre de toi. Prise.
Tu plonges ton regard de jais dans le bronze de mes yeux, pénétration duale lourdement insistée. Tes pupilles
s’agrandissent à l’instar de ton sexe, envahissant les miennes. Elles s’accordent, s’accrochent, s’adorent. Captation rétinienne de notre plaisir fou. Nous allons l’un vers l’autre, nouant tous
les liens que nos corps nous permettent, verge et vulve enlacés, regard dans regard. Tu me soutiens. Je te porte.
Ta bouche, donne la moi ! Tu ne peux résister à l’appel de mes lèvres, à l’antre rose hurlante qui pourtant ne
dit mot, où s’agite ma langue. J’ai besoin de ta bouche ! Un désir de morsure, d’aspiration, de fruit. Il faut qu’elle retienne mon souffle qui s’affole. Qu’elle retienne mon cri, l’avale et
s’en régale. Il est le sperme verbal de mon orgasme oral.
Vibrato. Out of control.
Je disparais, m’évanouis, te laisse. Le temps n’existe plus. J’ai fermé les yeux pour mieux te voir. Juste entendu
au loin les grondements de ton corps jouissant. Juste senti l’afflux d’une humidité autre au centre de mon spasme.
Ecroulement. Chute. On se retrouve écrasés l’un de l’autre, amalgamés, fondus, osmotique chair unique sur le lit qui
s’éteint. Un.
Le jour point. Restons. Restons encore un peu.
Photo de Robert MAPPLETHORPE
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