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16 - J'ai deux corps

Publié le par arthémisia

    
J’ai deux corps, CHAIR-ET-SANG, et PLAISIR-ET-PEINE : CHAIR-ET-SANG est un endormi, PLAISIR-ET PEINE est comme un cri : ils sont toujours inséparables.
CHAIR-ET-SANG est un carbure d’hydrogène à très grosses molécules. PLAISIR-ET-PEINE est si ténu que    Lucrèce en fit un poème. Tout le monde parle à CHAIR
ET-SANG, je ne parle qu’à PLAISIR-ET-PEINE.
CHAIR-ET-SANG paraît persister, mais suit la seconde loi de thermodynamique et finit mal. PLAISIR-ET-PEINE  paraît s’anéantir à la vitesse du cadran à secondes, et il a l’immortalité.
Je quitterai CHAIR-ET-SANG un jour, emmené par PLAISIR-ET-PEINE. Mais vers où, Vierge souveraine?
 Mais que faire, pour me préserver des hasards de l’éternité ?


Catherine POZZI  -

Illustration Francis BACON

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15 - Recommencer

Publié le par Arthémisia

Revenir. Recommencer. Le geste à peine achevé, la main posée, le baiser pris, le corps offert et l’autre capturé.
Refaire. Remettre ça.
Re-faire.
Faire demi-tour parce qu’on a pas tout pris. Parce qu’on n’a pas tout vu. Parce qu’on n’a pas tout dit et tout entendu.
Parce que 2 est plus grand, plus fort, plus plein, plus que 1.
Parce que la gourmandise.
Parce que l’envie nouvelle.
Parce que le jamais fini.
Parce que l’arrêt tue. Arrêt de vit. Arrêt de petite mort.
Parce que tes bras, parce que ta bouche, parce que ton sexe.
Pour lui, pour nous. Pour moi. Pour rien. Sans aucune raison. Pour tout aussi.
Pour être à bout. Pour être debout.
Pour le mur du son, le mur de soi, le mur d’émoi s’écroulant devant moi.
Pour la fenêtre grande ouverte, ton cri lâché dans l’espace et que je ne retiens pas.
Pour tes matins crachés dans ma main.
Pour nos soirs blottis, sereins.
Pour aujourd’hui et demain.
Multiplier.
Enchaîner. Déchaîner.
Recommencer.
Recommencer.
Recommencer.

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14 - Rien que pour la couleur

Publié le par Arthémisia

François Boucher

 

CAMAIEU ROUGE

Huysmans, Joris Karl


La chambre était tendue de satin rose broché de ramages cramoisis, les rideaux tombaient amplement des fenêtres, cassant sur un tapis à fleurs de pourpre leurs grands plis de velours grenat. Aux murs étaient appendus des sanguines de Boucher et des plats ronds en cuivre fleuronnés et niellés par un artiste de la Renaissance.
Le divan, les fauteuils, les chaises, étaient couverts d'étoffe pareille aux tentures, avec crépines incarnates, et sur la cheminée que surmontait une glace sans tain, découvrant un ciel d'automne tout empourpré par un soleil couchant et des forêts aux feuillages lie de vin, s'épanouissait, dans une vaste jardinière, un énorme bouquet d'azaléas carminées, de sauges, de digitales et d'amarantes.
La toute-puissante déesse était enfouie dans les coussins du divan, frottant ses tresses rousses sur le satin cerise, déployant ses jupes roses, faisant tournoyer au bout de son pied sa mignonne mule de maroquin. Elle soupira mignardement, se leva, étira ses bras, fit craquer ses jointures, saisit une bouteille a large ventre et se versa, dans un petit verre effilé de patte et tourné en vrille, un filet de porto mordoré.
A ce moment, le soleil inonda le boudoir de ses fleurs rouges, piqua de scintillantes bluettes les spirales du verre, fit étinceler, comme des topazes brûlées, l'ambrosiaque liqueur et, brisant ses rayons contre le cuivre des plats, y alluma de fulgurants incendies. Ce fut un rutilant fouillis de flammes sur lequel se découpa la figure de la buveuse, semblable à ces vierges du Cimabué et de l'Angelico, dont les têtes sont ceintes de nimbes d'or.
Cette fanfare de rouge m'étourdissait ; cette gamme d'une intensité furieuse, d'une violence inouïe, m'aveuglait ; je fermai les yeux et, quand je les rouvris, la teinte éblouissante s'était évanouie, le soleil s'était couché !
Depuis ce temps, le boudoir rouge et la buveuse ont disparu ; le magique flamboiement s'est éteint pour moi.
L'été, cependant, alors que la nostalgie du rouge m'oppresse plus lourdement, je lève la tête vers le soleil, et là, sous ses cuisantes piqûres, impassible, les yeux obstinément fermés, j'entrevois, sous le voile de mes paupières , une vapeur rouge ; je rappelle mes souvenirs et je revois, pour une minute, pour une seconde, l'inquiétante fascination, l'inoubliable enchantement.

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13 - Le bouquet de fleurs

Publié le par Arthémisia



Oui bon, je rentre à la maison Avec ce bouquet de fleurs
Ne me regarde pas sur ce ton
Je les ai achetées tout à l'heure
Six francs cinquante à la sortie
Du métro Strasbourg-Saint-Denis
Je ne sais vraiment pas pourquoi
Je sais que c'est pour toi, voilà

On n'va pas en faire un mélo
Je voudrais boire quelque chose
N'importe quoi avec de l'eau
Ne fais pas ce visage sans âge
Avec tes trois fleurs sur le cœur
Qui ne sont même pas des roses

C'est vrai
Les dernières que je t'ai offertes
C'était il y a six ans cinquante
Qu'est ce que je dis, six ans et demi
Par un après-midi en pente
Qui donnait dans une vie déserte

C'est vrai
On s'aimait tant quand on y pense
Aujourd'hui on vit en silence
On s'aimait tant, on s'aimait tant
On a parfois le cœur ouvert
Et puis on éteint la lumière

Et au lieu de te dire "je t'aime"
Je parle de mes problèmes
Ils ont mis trois types à la porte
Il y a des chances que je m'en sorte
Et tu m'écoutes inquiète et douce
Comme il est loin le temps des noces
Comme la campagne rousse
Sur le calendrier des Postes

C'est moi, ce n'est pas toi qui changes
Lorsqu'entre nous passent des anges
Et c'est la faute de mon regard
Si tu te dérobes au miroir
Quand tu t'déshabilles le soir
Ton corps si simple est beau à voir

C'est vrai
La dernière fois de la tendresse
Je n'ai pas été très artiste
C'était comme si dans ce grand lit
J'avais égaré ton adresse
Tu sais, moi aussi j'étais triste

C'est vrai
Mais en cherchant dans la fenêtre
Peut-être en mettant une annonce
On peut retrouver la réponse
Aux mots perdus comme "je t'aime"...
Qu'est-ce que je dis!

Je dis "Je t'aime"...
Serge Reggiani
(Paroles: Jean-Loup Dabadie.
Musique: Alain Goraguer)
Photographie de Robert Mapplethorpe


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12 - Quand je t'aime* (1)

Publié le par Arthémisia

Quand tes yeux rieurs autour de mon âme,
De l’envie brûlante, soudain se proclament…
 
Quand ton souffle tiède au creux de mon cou
Chante la caresse des instants si doux…
 
Quand ta fière main, le long de mes reins
Vient coller mon corps plus contre le tien…
 
Quand ta bouche osée au seuil de mes lèvres
Fait grossir les mots de ton ample fièvre…
 
Quand tes doigts curieux le long de ma chatte
Majeur et index longuement débattent…
 
Quand ta dent gourmande sur ma cuisse nue
Croque le mystère du fruit défendu…
 
Quand ta langue aigue en serpent salace
Mon sexe affolé nerveusement agace…
 
Quand ton sexe diable au fond de mon ventre
Tendu de désir rageusement rentre…
 
Quand l’animal fou qui rugit en toi
Crache sa semence sans aucune loi…
 
Je t’aime.

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11 - Coeur à coeur

Publié le par Entité et Arthémisia

 

Entité  et Toi.

Cœur à cœur :

A l’unissons de nos émotions gonflées de plaisir, débordantes d’imagination, feux d’artifice d’étoiles au bouquet final.

 

Cœur à cœur abandonné à l’ivresse humide et chaude d’odeurs exhalées. Reconnaissants l’un et l’autre de l'autre.
Regards croisés, promesse d’allumer chaque jour un bouquet d’amour, mon Amour.
Nos correspondances faites de retentissements, s’éveillent dans les couches le plus profondes et secrètes de l’âme. Faut-il se défendre contre le vertige qui s’empare de nous devant ces abîmes mystérieux?…
Cœur à cœur :
La coalescence, née de l’élan réciproque, consommée dans l’étreinte et, répétée en écho dans toutes les sphères de la sensibilité, aux limites extrêmes, scelle une appartenance mutuelle où chacun  éprouve l’autre comme partie de lui-même.
Mes lèvres infatigables contourneront les
obstacles et ne s’arrêteront qu’emprisonnées
par les tiennes.

Entité -  le 09/03/2006
 
 
Cœur à cœur . 
Entité  et moi.
Esprit avec esprit.
Conjugaison spirituelle de cet aller-retour éclairant, lumineux, cadeau donné, cadeau reçu de ton âme à la mienne.
Corps à corps.
Chair à chair.
La toile se tisse. Les fils se tendent ténus, fragiles mais de luxueuse soie entre ta main et moi, entre mon émoi et ton « viens » entre mon toi et ton moi.
Résonance déraisonnée de tes mots aux limites de ma volonté.
Déraison de mon corps abandonné au creux de ta pensée.
Je m’offre à ton infatigable attrait.
Ne nous appartenons plus.
Soyons nous même et soyons l’autre.

Arthémisia – le 10/03/2006

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10 - Souffle...

Publié le par Arthémisia


Souffle sur moi

Caresse mon cou de cet air doux

 

Souffle sur moi

Chante tes murmures à mes joues

 

Souffle sur moi

Fais voler mes cheveux fous

 

Souffle sur moi

Je tremblerai de partout

 

Souffle sur moi

Répands ton désir de voyou

 

Souffle sur moi

Réchauffe mon sexe debout

 

Souffle en moi

Il faut tester ça...entre nous.

 

 

copyright © Arthémisia

 

Avec : Giuseppe Penone lors de l'installation de Souffle de feuilles

 

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9 - Saint Sébastien*

Publié le par Arthémisia

 


 
Je suis femme et je vous envie.
Au poteau moi aussi, qu’on me lie.
Par mille vits,
Je suis prête à me faire transpercer.
S’il vous plait
 
Arthémisia © mars 2006
Avec : Saint Sébastien -  Pierre PUGET - Terre cuite

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8 - L'Aile

Publié le par Arthémisia

 

 
 
L’Amour est l’aile que Dieu a donnée à l’homme pour monter jusqu’à lui.
 
Michel Ange
 
 

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7 - Dentelle

Publié le par arthémisia



 Mes dessous de dentelle cachent le sang maudit, le désir sale, l ’envie, le ventre malheureux, la caresse suspendue.
 
Mes dessous de dentelle sont de deuil et de pluie, de luxure, d’abandon, de chair, de roses flétries, d’hier, de demain, si…
 
Mes dessous de dentelles crient dans l’obscurité, encore, retiens moi, encore, je te veux !
 
Mes dessous de dentelle répondent au vieillard par des rires d’argent, de jeunesse illusoire, d’arrogante crudité, d’insomnie, d’existence.
 
Mes dessous de dentelle tendent leurs filets vers la main attardée, le mot si nécessaire, la présence secrète, le sexe bandit.
 
Que font mes dessous de dentelle au fond de leur tiroir ?
Au fond, ils se marrent… 

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