800 - Abstraction lyrique*
Tu poses ta bouche sur la mienne.
Trois secondes de silence. Peut-être deux seulement.
Tu la frottes, rageusement, comme un peintre brosserait d'un geste nerveux sa toile d'une abstraction lyrique. Et tu reprends ton silence méditatif....avant de me laisser rosir en toi, de me laisser vivre l'invasion de ta bouche, de me laisser peindre à mon tour.
Le support, ta toile est lisse, tel l'intérieur d'une huître. Sa surface supérieure, incurvée comme un dôme d'église, une cathédrale, retient tes mystères. Je pars en découverte, y avançant la langue lentement.
Lentement, lentement, ce contact se fait invasif. Cette bavarde chuchote en ton palais un discours secret. Ecoute ma prière !
Tes lèvres tremblent, confessent ton trouble.
Entends moi peindre et prier dans ta bouche ! Je l'ai remplie de tous mes rouges. Tes dents ont disparu sous mon lustre grenat. Ta langue saigne de moi. Ta bouche, toute ta bouche est chair. Ma nourriture florale, mon coquelicot, ma rose, ma pivoine !
Ton corps se tend. Ton ventre est de granit. Et tu le frottes rageusement contre le mien, comme un peintre brosserait d'un geste nerveux sa toile d'une abstraction lyrique.
Tu ne médites plus.
Tu peins.
Copyright © Arthémisia - Nov 2008
Avec : Hans HARTUNG - T1964 - H44 (extrait) - Photo Copyright © Arthémisia