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800 - Abstraction lyrique*

Publié le par Arthémisia

 

Tu poses ta bouche sur la mienne.

Trois secondes de silence. Peut-être deux seulement.

Tu  la frottes, rageusement, comme un peintre brosserait d'un geste nerveux sa toile d'une abstraction lyrique. Et tu reprends ton silence méditatif....avant de me laisser rosir en toi, de me laisser vivre l'invasion de ta bouche, de me laisser peindre à mon tour.

Le support, ta toile est lisse, tel l'intérieur d'une huître. Sa surface supérieure, incurvée comme un dôme d'église, une cathédrale, retient tes mystères. Je pars en découverte, y avançant la langue lentement.

 Lentement, lentement, ce contact se fait invasif. Cette bavarde chuchote en ton palais un discours secret. Ecoute ma prière !

Tes lèvres tremblent, confessent ton trouble.

Entends moi peindre et prier dans ta bouche ! Je l'ai remplie de tous mes rouges. Tes dents ont disparu sous mon lustre grenat. Ta langue saigne de moi.  Ta bouche, toute ta bouche est chair. Ma nourriture florale, mon coquelicot, ma rose, ma pivoine !

Ton corps se tend. Ton ventre est de granit. Et tu le frottes rageusement contre le mien, comme un peintre brosserait d'un geste nerveux sa toile d'une abstraction lyrique.

Tu ne médites plus.

Tu peins.

Copyright © Arthémisia - Nov 2008

Avec : Hans HARTUNG - T1964 - H44 (extrait) - Photo Copyright  © Arthémisia

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799 - L'Après

Publié le par Arthémisia

La nouvelle gageure de Juliette sur Papier Libre était de parler de

« Ces mille petits bruits qui forment le silence"

 

 

Ta peau ne s'est pas tue. Elle frotte encore sa terre d'Ombre sur le drap rougi de framboises. Peindrait-elle ?

Tu t'enroules. Le lit  retient tes caresses, répond. Dessus. Dessous. Conversation secrète.

Ton souffle chaud précipite le jour dans la mémoire, agitant l'air de son rougeoiement d'éventail tropical en un glissement de moiteur doucement vanillée.

La neige de la nuit tombe sur ton visage, sourdement. J'entends sa craie s'appliquer sous ta lèvre, linéairement.

Et la  pluie nonchalante écrase quelques gouttes mécréantes sur la vitre.

Le temps se feutre, après.

 

Copyright © Arthémisia - Nov 2008

 

Avec : Joseph BEUYS - Plight 1985 -
Installation : feutre 43 éléments, piano à queue, tableau noir, thermomètre

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798 - Pérennité

Publié le par Arthémisia

 

 

"J'aime ce qui continue"

Pablo PICASSO

Avec : Constantin BRANCUSI - La Colonne sans fin.

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797 - Le Silence au creux de la main*

Publié le par Arthémisia


 

Il existe, coincé entre mes rêves et ta peau, un silence liquide, chaud et vanillé, un silence mûr et intelligent car il n'oppose pas la bête à l'homme, un silence  qui se boit comme l'eau vive, de la seule façon possible, au creux de la main.

Copyright © Arthémisia - Nov 2008

Avec : Auguste RODIN- La création ou La Main de Dieu

 

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796 - Grottes, nids et alcôves

Publié le par Arthémisia

 

La préhistoire de nos Amours se construit dans les grottes, les nids, les alcôves où nous protégeons nos dualités du nombre.

Copyright © Arthémisia - Nov 2008

Avec : Mario MERZ - Places with no street

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795 - Tango

Publié le par Arthémisia

 

 

Veux - tu m'accorder cette danse
Faite de caresses intérieures,
De frôlements félins, de subtiles morsures
Au lobe parfumé de mots tendres et doux,
T'absenter au tourbillon sensuel,
Danse immobile,
Tessiture de l'espace entre les corps,
Emotions voluptueusement ancrées dans le désir,
Douce et tangible élévation
D'un indivisible formulé qui nous guette,
Et trouve sa place en son exigeante totalité,
Echo suspendu, seconde altérée,
Instant dérobé ?

Anonyme

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794 - Naissance en ombres et lumières*

Publié le par Arthémisia

 

Qui avait-il sur ta peau ?

Quelques ombres des jours passés, des jours que tu avais abandonnés parce qu'ils t'avaient abandonné, mais, qui n'étaient pas encore complètement tombés au sol, que tu ne pouvais piétiner, que ton regard en se penchant voyait encore et, qui t'étaient encore accrochés au corps par des hameçons qui rouillaient lentement en ton derme en provoquant chez toi une douleur grave et sourde.

Quelques visages inscrits comme en un linceul  christique, quelques mémoires figurées d'un drame non résolu à l'énigme tranchante, du choix regretté ou trop tard venu, de la retenue et de la bienséance, d'une morale aux yeux acides et de la peur aussi, si blanche et qui vous mange le ventre .

Quelques empreintes de mains cruelles et offensantes, qui ne savaient peser leur effet rémanent, celui qui porte bien plus loin que le coup, du côté du déni de l'autre et de soi-même, celui des destructions intimes, des creux à combler inlassablement pour faire ses preuves, pour être, pour être grand.

Qui avait-il aussi ce jour là sur ta peau ?

Cette clarté presque phosphorescente, ce luxe de lumière, de brillance et de feu, cet éclair adamantin venu de tes profondeurs à ta surface, qu'il creva rageusement, expulsant toutes ses graines de tendresse, de désir et joie, ce rayonnement solaire échappé d'un plexus incontrôlé, cette révélation duale, cette connaissance de toi, de nous.

Cette naissance.

Copyright © Arthémisia - Nov 2008

Avec : Plâtres érotiques - Auguste RODIN
que je tiens aussi à citer : " C'est donc bien toujours de la lumière et de l'ombre que le sculpteur comme l'architecte pétrit et modèle. "
 

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793 - Manquons nous...

Publié le par Arthémisia

 

http://www.mamco.ch/collections/parmiggiani/10123_G.jpg

 

Manquons nous !

Gonflons nos comblements.

Que nos trous, nos absences,

Nos espaces, nos distances, nos vides,

Fassent vivre nos fils, et tissent la plus subtile

Et arachnéenne dentelle de nos vies.

 

Manquons nous !

Jeûnons et ayons faim.

Que nos bouches béantes et nos ventres criants

Attendent la bouche offerte

Et le goûter brillant.

Salivons nos sucrages,

Bavons de nos breuvages ;

Nos liqueurs n'en seront que plus désaltérantes

Et nos jus parfumés au goût fort des offrandes.

 

Manquons nous !

Taisons nos doux refrains,

Nos p'tits mots quotidiens,

Afin que nos murmures et nos cris

En spectacle accordés sur la scène

Jaillissent en cavalcade du fond de nos coulisses

Et que le rouge rideau des artistiques planches

Se ferme lourdement

Par peur de l'obscène !

 

Manquons nous !

...mais pas trop longtemps...

Copyright © Arthémisia - Oct 2008

Avec : Claudio PARMIGGIANI - Horloge -  Collection Mamco.

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792 - Autoportrait du jour (2)

Publié le par Arthémisia

 

 

Eh oui...on change!


 

Avec : Je ne sais plus où j'ai trouvé ce gif.
Si vous en êtes le propriétaire, prévenez moi. Je le retirerai.

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791 - L'Affreuse saison*

Publié le par Arthémisia


 

Quand mon œil se dore de ton feuillage d'ambre
Barré des trois graphies qui illuminent ton ciel ;
  

Quand je m'emplis de l'ombre de ta pensée profonde
Et que je marche vers toi...à reculons ;

Quand le lichen humide échappé de ta peau
Se colore des carmins de nos récréations ;

Quand ni cuir ni mousse, je flaire tes tranchées brunes
Humant les résines mâles qui closent les paupières ;

Quand mes doigts en ta cave  descendent en secret
En quête d'un breuvage génialement vieilli ;

Quand la pluie a jeté ses premiers cris d'hiver
Je me prends à aimer cette affreuse saison. 

Copyright © Arthémisia - Oct 2008

Avec : Egon SCHIELE - Homme et femme

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