Lu...
Dans ma maison sous terre
Chloé DELAUME
Edition du Seuil - Janvier 2009
"A l'arbre du jardin, elle s'est."
De tombe en tombe, Chloé arpente le cimetière en compagnie de son ami Théophile et y recueille les confidences des morts.
Que cherche-t-elle ? Un territoire pour ses mo(r)ts....
Car Chloé a pour but d'écrire un livre meurtrier, celui qui tuera sa grand-mère qui lui a révélé l'ignoble secret de famille, ce secret qui lui a fait perdre son identité.
Maman et grand père sont morts. Chloé est allongée sur eux. Et Papa ?... Sale histoire... Grand-mère est bien vivante, elle !
Pas question pour la petite Chloé de faire dans la dentelle. Elle a le crêpe abject. Il faut que ça saigne, que ça « boyaute », que ça se fissure, que ça meurt. Et vilainement. Pour (mieux) vivre.
Mais qui est Chloé, l'héroïne de ce livre ?
On hésite. On y croit presque. Et non, Chloé, ce n'est pas..... Et pourtant la réthorique est si proche de l'intime. Et on tremble, après la traversé de l'expérience, de ce parcours si touffu, aux récits cumulés mais unidirectionnels vers la mort, aux récits si strictement ...réels.
L'écriture très travaillée, élégante et rythmée, a dû en être que plus jouissive. La lecture ne l'est pas moins.
De l'humour, aussi parfois... Il faut bien respirer.
La première raison pour laquelle j'ai acheté ce livre va vous sembler bien ridicule : je vous l'avoue, j'ai tout de suite flashé sur le physique très fortement construit de l'écrivain. Mi gothique mi déjantée, Mademoiselle DELAUME entretient son personnage : chair blanche, œil et carré noirs, ENAURMES lunettes cerclées de noir, bas sombres et filés sous jupe courte...
Son physique et sa vivacité de réponse. Le journaiste qui l'interviewait en perdait le fil de sa pensée. La demoiselle est déroutante et entretient son mystère, un mystère narcissique et bien sombre que je ne saurais dévoiler faute d'être certaine d'en avoir compris ne serait-ce qu'une moitié.
Car bien sûr cette mort particulièrement regardée, rôde tout le long du livre en posant la psychanalyse comme une nécessité. Nécessité de se construire sur l'échiquier des tombes, d'écrire sur la mort pour oublier les tourments de l’abandon et de poser enfin - in fine - sa réalité.
Copyright © Arthémisia - mars 2009
Avec : Piet MONDRIAN - Composition avec lignes