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666 - Amusement ?

Publié le par Arthémisia


 

Tu ne mens pas.

Je ne mens pas. 

Mais la muse ment

... peut-être?...

 

Copyright © Arthémisia - mai 2008

Avec : Giorgio di CHIRICO - Les muses inquiétantes

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665 - Laisse moi faire*

Publié le par Arthémisia


 

Laisse moi faire.

Laisse moi t'écarter.

Derrière la porte blanche de ta chemise ouverte,

Je veux venir écouter ta cadence,

Le tambour répété qui sourd sous ta peau nue,

Et son tempo de flammes, vives, à l'approche du rouge.

Je veux boire son trop plein, ses coups, ses emballements.

Je t'y entends déjà tramer ton sang, à grands coups de furie.

Serais tu africain ou bien frappeur du Bronx ?

 

Laisse moi faire.

Je suis là pour glisser les doigts derrière le rideau pur,

Les tremper au brûlant de ton pectoral vair,

Courir dans ta moisson,

Échapper à ma pulpe pour retrouver ta peau,

L'appeau de la caresse,

La liesse de tes flots.

Tes blés sont murs ; je suis femme de Van Gogh

Et je te repeindrai à grandes touches,

A pleines mains,

Et tu seras mon plus beau !

 

Laisse moi faire.

Aux  lucarnes d'albâtre, mon œil dans ton ocre,

Je le jette sans remords,

Le brûle au bronze, au cuivre, à l'or des épidermes,

L'enrobe de soleil,

Et le damne à ton feu.

Ton pigment m'ensorcelle :

J'ai ta poudre plein les yeux.

 

Laisse moi faire.

Je suis venue ressourcer mes narines à tes algues

Retenues en coton sagement repassé,

Au varech puissant, aux iodures de tes bras,

Au sable, au vent,  au rocher rose de ta côte de miel,

Au voyage en sommeil des frottements fleuris,

Aux  parfums de ton ventre,

A tes seins en balanes.

 

Laisse moi faire.

Je suis là.

Je suis venue tracer la ligne de blessure

Qui descend de ton cœur vers tes batailles d'aube,

La suivre de ma langue, Petit Poucet gourmand,

Et découvrir enfin le cadeau flamboyant

De ton arbre en courroux éclaboussant ma vie.

 

Laisse toi faire.

Copyright © Arthémisia - mai 2008

Avec: Fresque de Pompéi

 

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664 - Léonides

Publié le par Arthémisia

 

Es tu ma femme ? Ma femme faite pour atteindre la rencontre du présent. L'hypnose du phénix convoite ta jeunesse. La pierre des heures l'investit de son lierre. 

Es tu ma femme ? L'an du vent où guerroie un vieux nuage donne naissance à la rose, à la rose de violence.
Ma femme faite pour atteindre la rencontre du présent. 

Le combat s'éloigne et nous laisse un cœur d'abeille sur nos terres, l'ombre éveillée,  le pain naïf. La veillée file lentement vers l'immunité de la Fête.

Ma femme faite pour atteindre la rencontre du présent.

René CHAR

 

Avec : Mark BRUSSE - Original Stone 

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663 - C'était l'été

Publié le par Arthémisia

Après des déboires informatiques, Juliette nous propose sur Papier libre de nous laisser inspirer par la photo de cette petite maison de Saint CADO ...un nom prédestiné... dans le Morbihan.



 



Le pêcheur de rêve m'a prise dans sa main. Je l'emplissais parfaitement.

La marée montait. Vite. Il fallait rentrer.
Fermer les volets bleus du soir. Après le dernier regard vers là-bas.

Il avait faim.
Nous avions faim.

Dans la petite maison du bout du monde, la petite maison aux volets bleus, nous nous sommes enfermés, et nous avons mangé tout ce que la mer nous offrait.

Sur la table, nos corps brillaient.
Plus que les vagues dehors.

C'était l'été.

 

Copyright © Arthémisia - mai 2008

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662 - Les Mots de la fêlure*

Publié le par Arthémisia

 

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La  nuit s'obture.

  Quatre fois revint le murmure

Quatre fois le mot débouche,

Embouche, se couche.

L'oreille tremble et peut-être s'effarouche,

Et pourtant elle capture

Le trait qui tient villégiature.

Quatre fois sur un souffle

Le cœur cintre sa voussure

Sous l'orale maroufle

Du verbe de moirure.

Quatre fois on aime, c'est sûr.

Mais que devient la fêlure

Au -delà des diaprures

Et de la peinturlure ?

  ...Elle se donne toute mûre

Elle se donne toute mûre.

 

Copyright © Arthémisia - mai 2008

Avec : Alberto GIACOMETTI  - Boule suspendue

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661 - Présence

Publié le par Arthémisia

 

 

 

Nous est.


Avec
: cep de vigne - Copyright © Arthémisia – mai 2008

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660 - C'est un comble!

Publié le par Arthémisia


Chaque nuit apporte encore ton regard dans mon ventre.

En creux.

Et la plus folle urgence me le  fait combler des premières plumes qui passent.

Alors je gribouille trois mots bleus, et,

j'enferme à double tour  mon oreiller entre mes bras serrés.
Serrés.


Copyright © Arthémisia - mai 2008

Avec : Plume de geai - Collection personnelle

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659 - Intimes grattages

Publié le par Arthémisia

 

 

J'écris des marginalia*(1)  en général au crayon à papier.

J'utilise tous les espaces vierges des livres pour y écrire des notes de lecture mais aussi des textes qui n'ont rien à voir avec ce qui y est typographié.

J'écris petit, pitoyable, sans place. Je n'habite pas, n'ai pas de place, vis dans l'étroit. Je n'ai pas de sens ; parfois de haut en bas, parfois horizontale, je penche, tombe, décline en toutes directions. Je fais moche, misérable, étriqué, peut être émouvant.

 

Et parfois, je l'avoue, je vais pire : je palimpseste *(2). En  vert, en bleu, en rouge - c'est le top, le rouge ! - oui, oui ! au stylo bille ou même au feutre, j'écris par-dessus le texte.

Et là, je vole, j'occupe, je pirate, je m'empare, je squatte, je m'installe, m'étale voluptueusement. Je fais grand, grandiose, large et même grandiloquent.

(Ne craignez rien...je ne fais pas ça dans mes Pléiades, ni dans les livres auxquels je tiens pour des milliers de raisons.)

 

Et le pire c'est que je gratte... sous la couette...

 

*(1) J'ai volé le mot marginalia à Edgar POE, qui en a fait le titre d'un de ses livres.

*(2) Le mot palimpseste vient du grec  « qu'on gratte pour écrire de nouveau ».

Copyright © Arthémisia - mai 2008

 Illustration : Pierre ALECHINSKY - Table réservée.

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658 - Tu

Publié le par Arthémisia


Tu es beau comme le hasard et la nécessité

 

(inspiré par B. )

Illustration : René MAGRITTE - L'Invention de la vie

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657 - Le Rendez - vous rouge*

Publié le par Arthémisia



C'est le premier jour.
Celui de l'histoire qui oblige l'humide à se raconter,
La rencontre des bouches.

C'est l'histoire d'un frôlement
De plus en plus appuyé
Que le temps fait grandir, en écartèlement,
En écroulement,
En écoulement.


L'histoire d'une fleur mutante,
D'un fruit indéhiscent
Niché dans la mousse blonde
Qu'une indécente cueillette offre à la rivière.


C'est l'histoire d'un creux
Léché et pourléché,
Inondé.


Cela parle de voyages
De grottes en orifices,
De cavités trempées,
De jus recomposés.


C'est l'histoire d'une pivoine
Aux pétales tombés.


C'est une histoire de larmes,
De salive, étalées,
Et d'un rendez vous rouge
Dans un ventre allumé.

Copyright © Arthémisia - mai 2008 

Illustration : Pétales de pivoines - Copyright © Arthémisia - mai 2008

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