La large pluie musicale envahissait la vitre de coulures diaprées.
Cela projetait des bribes de lumières, des ombres sur ton corps qui te faisaient momie, faussement
inondé, mais, silencieusement protégé dans un cocon mouvant.
Cela racontait une histoire, rythmée, des passages en creux et en vallées.
Dévastés.
Il faudrait sortir, prendre l’air, prendre des couleurs, synthétiser de la vitamine D comme dit l’ami
médecin.
Il faudrait se lever, se laver, faire (sa) face. Aller au front, devant la vie, comme on va à la guerre. Contre
soi.
Il reste un peu de vin blanc du dîner d’hier ; ils sont venus. Je les ai aimés.
Il reste.
Un morceau de fromage, une cuillère de yaourt.
Trois cerises.
Plonger la tête dans l’eau, sous la mousse blanche jusqu’à ne plus pouvoir que remonter. Ce n’est pas les autres qui vous
appellent ; c’est vous, votre souffle. Votre air qui crie : "ohé ? Y’a quelqu’un ?"
Le ciel se fait gris. On n’y lit plus rien sauf de mauvaises nouvelles. Des
naufrages.
Alors on baisse les stores et leurs lamelles rectilignes qui nous apprennent
quotidiennement l’abécédaire d’un néant. Pleins et déliés.
L’encre pense à la mer, à la vague, au sel, à l’algue, à la peau
partie.
Le temps a passé. Il reste un monde papivore, le froissement des jours finissant à la
corbeille, la trace d’un chagrin que seul le partage console, la trace de l’impossible.
On assume. Séparément.
Parce que l’autre enroule encore sa vague sur notre âme endormie. On le sait. On le
sentirait presque en ce corps en mémoire : un jour tout s’éteint sauf l’étreinte.
...Et si ce n’était que le blog d’une rencontre entre le mot et l’image, entre l’introspection et la monstration, entre la réflexion et la mise en œuvre, …d’une rencontre issue d’un enrichissement par l’aphorisme, la nouvelle, le poème ou même le simple questionnement … ?