1546 - Par(e)
L'écriture est un par(e)-fumier
© Arthémisia - nov 2011
Avec : Job sur le fumier - Jean
FOUQUET
(1420/1480)
L'écriture est un par(e)-fumier
© Arthémisia - nov 2011
Avec : Job sur le fumier - Jean
FOUQUET
(1420/1480)
Sur presque toute la surface s’étale l’énorme tache grise.
Peut – être bouge-t-elle là-haut ? Ca doit avancer tout de même ! Même si on n’y croit plus.
Vue d’ici, sa prétentieuse masse nous fait réviser nos vieux cours de physique. Ca pèse !
D’est en ouest on n’entend qu’une seule note, extrêmement grave, plate et qui semble soutenue éternellement par des bras invisibles.
Cela a un goût de farine non cuite, celui de la pâte à tarte qu’on volait enfant avant qu’elle ne vive le four, et qui, dans le quart d’heure nous tordait le ventre.
Sa couleur n’offre aucune nuance, n’admet aucune valeur, aucune modulation. C’est du gris, partout le même gris, sans transparence, ce gris que fabriquent les peintres sans yeux en mélangeant un noir et un blanc, ce gris froid et humide, ce gris des murs lépreux, des peaux fumeuses, des lieux qui ne disent rien de leur passé car il ne s’y est rien passé. Ce gris des tombes oubliées.
En bas, à gauche, au tout premier plan, s’agitent follement le vert doré des maigres bambous, un vert presque incongru, décalé, printanier.
On est en novembre.
Arthémisia – nov 2011
Avec : Echantillon de pastel sec « gris 724 » de chez BLOCKX
Quand vient l’heure des aveux
Quand ta mer se craquelle
En partant du milieu
Je mange ton soleil
Dans le monde d’en bas
Pas un caillou
Point de déroute
Juste l’étroit chemin
Sans doute
Tu muris
Comme un arbre
En suspend
Je tremble
Et me souviens
J’avais presque oublié
La vie
Au goût de sang
© Arthémisia – 11/2011
Avec : Pan II – Cy TWOMBLY - 1980
Collection Yvon LAMBERT
L'écume de tous les rivages
Porte nos chérissements.
Elle embrasse le sable.
Nous embrassons le vent.
© Arthémisia – nov 2011
Avec : Sans titre - ZAO WOU KI
aquarelle et encre de Chine
Elle a laissé la maison, l’espace, le ballet possible, et le jardin aux fruits juteux.
Tant pis ! Elle a volé des graines. De belles de nuit, qu’elle a mises dans un pot. Mais est-ce que les belles de nuit fleurissent en pot dans les appartements sans terrasse?
Elle a laissé les petites cuillères en argent. Les assiettes de chez Raynaud, les verres de Daum.
De toute façon elle n’aurait pas la place pour les ranger : elle a laissé l’armoire, le buffet, la table ronde et les 6 chaises. Ils ne rentraient pas dans ses 60m².
Pas grave : elle a gagné une ménagère en aluminium à la Redoute en achetant une paire de draps, parce que les autres aussi sont restés là-bas.
Elle a laissé le lit de chez Grange en fer forgé. Elle dort sur le vieux matelas, celui de trente trois ans. Un par vertèbre. Même les sacrées. Elles le lui rappellent.
Elle a laissé son nom. Quoi qu'il en soit, elle l’avait perdu depuis longtemps. Il n’est pas rattrapable. Sauf à y laisser sa vie. Je veux dire sa survie : il faut se remplir le ventre.
C’est con quand même : c’est drôlement symbolique. Et il y a des symboles qui pèsent plus que le plomb.
Elle a laissé ses enfants. Ils sont grands. Ils vivent leur vie avant de pouvoir la vivre ailleurs. Ils sont là, quand même, derrière la cicatrice qu’ils ont tracée au milieu de son ventre. Elle les entend parfois crier « Maman ». Alors elle les caresse.
Elle a juste emporté les livres, les tableaux, les pinceaux. Ils étaient tous à elle. Ce n’est pas que ce soit vraiment rassurant mais ça occupe l’œil. Et l’âme.
Pour le blog, c’est peut-être juste un peu pareil.
© Arthémisia – nov 2011
Avec : dessin piqué là
Pour PL, sur la demande de Juliette qui voulait des histoires de chrysalides…
La chrysalide gémit :
Dans les pans de la nuit
Niché au fond des pelures
Du cri
Le paon déchire le nid
De ses ailes
Qui poudrent de leur envol
Diapré
Le lit de confettis.
© Arthémisia – oct 2011
Avec : Chrysalide - Yann Bertrand & Damien Serban - 2005
Capture d’écran
Pour en savoir plus, voir là
J’aime ce que tu n’as pas dit.
Cela est resté suspendu dans les gouttes de la pluie. Elles furent lourdes et très rondes ce soir là. Des ventres de femmes.
Il y a deux jours, la même pluie est venue. Normal : c’est octobre.
Je l’ai entendue frapper sur les vitres, dans la nuit.
J’ai dormi. Longtemps.
Au bout, le ciel a lavé les cheveux de la terre, fouetté les cuisses ravagées, balayé les heures.
Quand je me suis levée, il ne restait rien qu’un parfum d’eau et de framboises.
Et ce que tu n’as pas dit coulait sur les vitres bleuies.
© Arthémisia – oct 2011
Avec : Tet – Morris LOUIS
(1912-1962)
Acrylique sur toile – 1958
Whitney Museum of American Art
Prendre des risques :
"Ton équilibre est dans ton regard"
@ Suzâme
"Pour Vivre, il faut accepter le risque du retour en la
terre"
@ Gilles
« Je crois à la rencontre dans ce qu'elle a de plus improbable. Contrairement à ce qu'écrit Proust, on tombe amoureux de quelqu'un quand on sait qu'il n'est pas notre genre. La rencontre n'est jamais aussi forte que quand elle est déliée du monde social, avec cette force animale de l'étrangeté absolue, irrémédiable, de l'autre. Elle nous offre la chance de la chance, du désir, du désastre. »
@ Michel SCHNEIDER
(Interviewé à propos de son roman Comme une ombre - article paru dans l'édition du 02/09/11 du Monde des Livres que m'a
gentiment communiqué Lucien)
Merci Immobile.
You look different every time
You come from the foam crested brine
Your skin shining softly in the
Moonlight.
Partly fish, partly porpoise, partly
Baby sperm whale.
Am I yours, are you mine
To play with ?
Joking apart,
When you're drunk you're terrific,
When you're drunk I like you mostly
Late at night, you're quite alright.
But I can't understand
The different you in the morning
When it's time to play at being
Human for a while.
Please smile.
You'll be different in the spring, I know
You're a seasonnal beast,
Like a starfish that drift in with the tide.
So until your blood runs to meet
The next full moon,
Your madness fits in nicely
With my own.
Your lunacy fits neatly with my own,
My very own.
We're not alone.
Tu sembles différente à chaque fois
Tu viens de l'écume mousseuse de la mer
Ta peau brille doucement au
Clair de lune.
Partiellement poisson, partiellement marsouin, partiellement
Sperme de bébé baleine.
Suis-je à toi, es-tu mienne
Pour jouer ensemble ?
Blague à part,
Quand tu es ivre tu es formidable
Quand tu es ivre je t'aime la plupart du temps
Tard dans la nuit, tu es parfaitement bien.
Mais je ne peux pas comprendre
Les différents toi le matin
Quand il est temps de jouer à être
Humain pour quelques temps.
Souris s'il te plaît.
Tu seras différente au printemps, je sais
Que tu es une bête de saison,
Comme une étoile de mer qui dérive avec la marée.
Ainsi jusqu'à ce que ton sang coule à la rencontre
de la prochaine pleine lune,
Ta folie s'accommodera agréablement
Avec la mienne.
Ta folie s'accordera habilement avec la mienne,
Avec la mienne.
Nous ne sommes plus seuls.
Je me suis promenée dans ton corps coloré. Je me suis laissée emmener à travers ta peau, dans le vibrant espace de tes profondeurs. Je cherchais l’origine, en tous sens. Le Royaume.
Tu palpitais comme un soleil. Je crois t’avoir entendu.
J’étais hypnotisée : tu me regardais.
Et jusqu’à la limite, où tes bords se craquelaient subtilement, je suis restée.
© Arthémisia – oct 2011
Avec : Farbraumkörper (le Corps espace de couleur) – Gotthard GRAUBNER
1989 - 200X200cm
Acrylique et technique mixte sur toile sur ouate synthétique sur toile
Ne ratez pas la magnifique exposition de groupe Body & Soul à laquelle il participe jusqu'au 4 décembre 2011 à l’Hôtel des Arts de
Toulon, avec Sean SCULLY et Lawrence CARROLL